Un film situé juste entre Hollywood et le cinéma
indépendant américain. Tout commence par un résumé
imagé de l'épisode précédent et
ça embraie sur une véritable suite qui tient plus
du serial que de la séquelle. Et Sam
Raimi a bien fait de rester : Spider-man 2
est une pure merveille pour ce qui est de la réalisation,
bien supérieure à l'original et encore plus digne
de son auteur : il filme New-York sans le laisser paraitre mais
nous transporte complètement, puis alterne avec un travail
plus intimiste mais garde l'idée que chaque plan mérite
une véritable réflexion ; chaque plan, chaque
mouvement, chaque effet de caméra ou de montage apporte
son lot d'informations aux spectateurs (2 exemples : le plan
fixe de l'ascenseur et le travelling avant du mariage avec un
Jameson mis en avant... mais il en a tant d'autres !). Et Raimi
de recréer de vivantes planches qui nous (m') entrainent
dans la douceur de notre enfance (Ah ! les jambes de Mary-Jane
!!!).
Mais le scénario n'est pas en retrait ; au contraire.
On revient à ce judicieux entre-croisement de personnages
et de destins (le fiancée de Mary Jane est le fils de
Jameson, Oktopus est présenté à Parker)
; on décortique ces mêmes personnages, nous présentant
le "méchant" en tant qu'homme, avec une histoire
bien à lui et pas seulement un troma un peu flou. Octopus
tient beaucoup de Jekyll et Hyde. On brode autour de nouveaux
et très ambitieux thèmes : qu'ils soient "légers",
comme celui de la gestion difficile de la vie privée
des super-héros (mais qui aboutit au thème de
la confrontation entre vie public et vie privée, où
lorsque l'une prend le pas sur l'autre...), où plus forts
comme les choix que l'on doit faire dans la vie, les sacrifices
et les responsabilités qu'ils nous faut de toutes façons
assumer. Sans oublier les sous-thèmes et toute une pallette
d'émotion : la vengeance (apanage des "méchants"),
les aveux, la ré-abilitation, les révélations
ainsi que la suite (et fin?) d'une love story torturée
(mais que reste-t-il au 3 !!!) et un humour beaucoup plus présent,
plus fin (la scène de l'ascenseur, le "Doc Marvel")...
comme dans la BD. Entre action ébourriffante et intimisme,
il n'y a ici, une fois de plus, rien à jeter, même
si leur développement ne touchera pas tous le monde.
Parlons de l'action : les FX sont vraiment somptueux, quasiment
parfaits et invisibles car concoctés sur les plans éloignés,
lors des scènes d'action où notre esprit est tout
ailleurs, et, qui plus est, ils sont très savamment dosés
; la bataille sur la façade d'un building est une prouesse
inoubliable... et de toutes façons, rien que de voir
Spidey s'envolé, mon coeur fait la hola !
Quant au personnage de Parker / Spider-man, l'évolution
est notoire : Parker est toujours dans son ombre (l'éternel
retardataire Vs le super-héros qui arrive toujours à
temps ; vous aviez noté ?), une ombre pesante, étouffante,
dont les sacrifices occasionnés dépasseront la
volonté du jeune adulte. D'ailleurs on apprend une chose
importante : ses pouvoirs ne sont pas immuables, ils ne sont
affaire que de volonté, d'abnégation, de choix
posés et fermes ; Spidey n'est pas immortel, le super-héros
est fragile, il se démasque aisément (et là
on joue sur notre excitation...) et est indissociable de Parker.
Dernière mention pour la musique du fabuleux Danny Elfman,
au sommet de sa forme pour une partition encore plus enchanteresse
et fine que la précédente. Non, il n'y a vraiment
rien à jeter dans ce film.
NOTE : 17-18 / 20