Je ne le cache pas : j'aurais rêvé d'un film dans
la même tonalité que la première scène
; le tout souligné avec un trait d'humour, pour compenser,
mais pas trop non plus. Bon : ce n'est pas tout à fait
ce à quoi je m'attendais.
Voici pourtant une oeuvre qui
prouve que Marvel est capable d'évoluer, d'emprunter
des sentiers un peu moins battus et d'allouer de lourds budgets
à des projets présentant un certain risque, avec
des personnages peu connus ou reconnus bien qu'estampillés.
Risque encore plus assumé puisque K. Feige engage un réalisateur
sorti de l'écurie "Troma", lui laissant carte
quasiment blanche pour faire et montrer ce qu'il veut... presque...
Car ce film, un peu à l'instar de la série des
"Thor", ne présente pas de super-héros
classiques voir classieux mais un univers bigarré, pas
loin d'être kitsch : de la SF de grand-père comme
les cinéphiles en rafolent, un space opera fringuant,
un film d'aventure avec tout ce qu'il y a de grandiose doublé
d'un humour, soyons franc, pour la majeur partie du temps ravageur.
Comme tout bon film de SF il y a une multitude de personnages
qui rend l'univers foisonnant, plus vivant, voir plus riche
; et parmi eux il y a des anti-héros particulièrement
délicieux, et non plus des personnages héroïques
et propres sur eux. Tous ont en commun d'avoir un traumatisme
mais étrangement les plus attachants, les plus réussis,
sont les moins "humains" : Groot ne nous donne qu'une
envie, celle de le connaître encore plus, il est de loin
le plus touchant de par son innocence doublée d'une force
herculéenne (un clin d'oeil aux Avengers ?) et ce choc
des sentiments occasionne les scènes les plus fines et
les plus belles du métrage (les scènes de la fleur,
des lucioles et l'inévitable final). Rocket Raccoon
n'est pas en reste : à l'inverse il est le penchant négatif
de Groot, un être ignoble et désintéressé,
une véritable ordure qui aura droit à son lot
de scènes marquantes (le sauvetage de Gamorra Vs le crash).
Pourtant le film laisse un petit arrière goût... d'inachevé.
Gunn s'avère certe à l'aise avec un lourd budget
et les contraintes qui vont avec, il fait bien son boulot mais
il ne s'impose que rarement et j'avoue que, venant de lui, j'espérais
des scènes un peu moins consensuelles (mais c'est un
film grand public...), un ton plus trash, plus perso (mais Marvel
doit rentabiliser son produit...). Et puis il y a cet humour
qui, depuis Iron man 3, permet
à l'entreprise de ralier un plus large public : mais
les plus cinéphiles trouveront que son abus dégoupille
quelque peu le trauma des personnages et donc l'intensité
du film et son intéret, sa profondeur, voir son intégrité
(les gags paraissent trop écrits et "sortent"
le spectateur de l'histoire).
Certe le film est avant tout fun,
il s'appuie fortement sur ses personnages et un univers décalé,
mais il est dommageable qu'il laisse un scénario en simple
toile de fond, logiquement et bien qu'un peu simplement raccordé
aux Avengers ; et ce ne sont pas ces "multiples" méchants
qui effaceront l'impression d'assister à un éternel
et très basique combat du Bien contre le Mal... même
si, une fois de plus, le lot de personnages annexes et tout
autant ambigus (Yondu en tête) permet de nuancer ces propos.
L'enjeu du film s'en ressent forcément. Ce n'est pas,
non plus, en donnant dans le référentiel tout
azimuth et autre clins d'oeil planqués au fond de chaque
plan, que l'on donne de la profondeur à une oeuvre...
même si les références à J. Pollock
et Indie sont vraiment juteuses !
Alors oui : on s'éclate,
c'est proprement fun et funkie, la bande-son jukebox est une
excellente idée (Marvin Gaye...), mais il manque cependant
une réelle inventivité dans la trame, quelques
chose pour aider ces personnages à prendre de l'ampleur,
un véritable envol -même si l'équipe en
elle-même fonctionne rudement bien- et également
un ton moins... passe-partout. C'est un film osé mais
commercialement mesuré, un louable mélange de
genre, de couleur, de ton, une petite folie : entre manga et
série B matinée de série Z (ce qui affaiblit
le film), de SF de seconde zone, d'un côté flashy
à 170 M$, de Flash Gordon et de H2G2, d'un studio de
cinéma qui se moque de lui (mais uniquement lors de l'une
des toutes dernières scènes) ; sans oublier l'inévitable
et fameux gimmick Marvel du vaisseau qui se crash. La scène
finale est d'ailleurs un peu à l'image du film : à
la fois drôle et dérisoire. A voir en mode très
détendue.
NOTE : 13-14 / 20