Et bien voilà : 28 ans que j'attends que Marvel ose
enfin un film sur mon super-héros favori, fétiche,
celui dont j'endossais le costume étant petit, celui
qui accompagnait tous mes rêves de jeunes garçons
avant de plonger dans le sommeil, celui qui retapissait chaque
pan de mur et de meuble de ma chambre d'enfant, celui qui m'a
finalement aidé à grandir... celui qui enterre
définitivement le navet intergalactique de Pyun
(qui a dit "Autodafé" ?). Pourquoi ce film
est-il tellement réussi ? Parce que ce n'est pas un film
comme les autres, un peu différent dans son approche,
comme le fut récemment Thor,
parce que ce n'est pas un film "pour tout le monde"
; un film de super-héros qui ose aborder l'époque
de la grande guerre (sans dissertation historique non plus si
ce n'est une vision très juste de la propagande), avec
un héros malmené et un rien ringard (le premier
costume de Cap tranche vraiment avec les plus récents,
les plus connus des jeunes spectateurs) dans un film qui tire
son essence des serials des années 40 et le revendique
clairement (Cf. le comics au main d'enfants que l'on aperçoit
dans le film) et un scénario qui ne laisse aucun doute
sur ses influences. Car dans ce film j'y ai retrouvé
toute la saveur des Indiana Jones alors que je me demandais
bien à quelle sauce allait être cuisiné
mon héros préféré, un peu has-been,
à la morale indestructible, oubliant les effets spéciaux
envahissant et se recentrant sur les personnages, les cascades
et les décors ; un film d'aventure à l'ancienne
avec flingues, bastons façon boxe anglaise et visuel
épuré. On y découvre peu à peu tous
les personnages qui ont émerveillé notre enfance,
avec les libertés d'usage nécessaires à
la reconstruction d'un mythe cinématographique, mais
ils sont tous là, les Bucky (qui ne connait Steve qu'après
l'expérience...), les Peggy, les Dum Dum, les Arnim Zola
(le parfait Toby Jones), le superbe Crâne Rouge (ai-je
besoin de louer les talents de H. Weaving ?), le docteur Erskine,
Howard Stark (dont le rôle est un peu inversé dans
le film...), le futur Union Jack, les membres de l'Hydra qui
se font dézinguer facilement ainsi que de fameuses séquences
(l'injection du sérum, évidemment, le cube cosmique,
mais également le baiser d'une femme qui faillit rompre
le lien amoureux entre Steve et Peggy comme il le fit entre
lui et Sharon plusieurs décennies plus tard dans un épisode
légendaire... mais c'est une autre histoire !) ; un bonheur
de fan absolu !!! Et le respect du matériau original
est là, au gré d'un scénario sans doute
un peu trop rapide (la mise en place des scènes trop
abrupte), assez classique par rapport au genre qu'il défini
(le montage alterné y contribue assez largement ; un
nouvel hommage aux serials ?) mais dont les personnages sont
véritablement réussis (Chris Evans efface tous
mes doutes à son propos) et l'histoire d'amour sort complètement
des sentiers battus (inachevée et d'autant plus pertinente).
Johnston n'est pas un génie, vous ne me ferez pas dire
le contraire mais son travail est difficilement criticable en
terme d'efficacité. Captain America est une série
B de luxe, osé dans l'univers Marvel, qui ne manquera
pas sa cible : les véritables fans...
NOTE : 15-16 / 20