Plus que le teen / college movie qu'il semble être, cette
araignée n'en reste pas moins un film un rien translucide
dans sa longue 1ère partie. Oui : l'oeuvre aborde un
aspect du comics essentiel ou se mêle cours ennuyeux,
love story impossible, brute épaisse, soirées
étudiantes racourcis, héroïsme de caniveau...etc.
Et il faut avouer que ce nouveau Peter Parker est plutôt
bien dans ces cases. Mais voilà, il y a une ou deux choses
qui me tracassent, en tant que fan pur et dur. Passons sur le
rajeunissement de la fameuse Tante May, qui ici se ferait presque
siffler dans la rue... c'est osé, mais pourquoi pas ?
Le problème est plutôt ailleurs (un gros détail
me direz-vous...) : le MCU se veut plus réaliste que
le comics d'origine, et, justement, le Spider-man qui nous est
présenté est une aberration : ses nouveaux pouvoirs
sont carrément too much, éclipsant le respectable
et génial 6ème sens de l'araignée par des
gadgets purement électroniques ; et je n'évoquerai
que brièvement cette "Karen", espèce
de Jarvis féminisé qui ôte définitivement
l'âme de notre Spidey. Plutôt minable.
Pourtant le film, restant un peu plat et même tiède
sur le fond, va quand même un peu plus loin qu'un teen
movie classique, voir qu'un film de super-héros traditionnel.
Premièrement il évoque avec justesse un thème
central du comics : la place que cherchent à se faire
les adolescents dans le monde des adultes. Peter est un jeune
adulte qui veut se faire plus gros que le boeuf (Iron man),
qui ne parvient pas à gérer sa vie secrète
et sa vie public. Etre un héros pour tout un chacun ou
bien rester à sa place et devenir un bon neveu, un lover
pour celle qu'il aime, un citoyen lambda, ou presque ? Deuxièmement,
et cela découle de ce que je viens de dire, le film dépasse
le schéma traditionnel du "super-héros Vs
le super-méchant" : Parker / Spider-man est plus
souvent en lutte contre lui-même pour trouver sa place
dans la société que contre son ennemi. Un très
bon point.
Autre point fort du film : Le vautour. Si son nom n'est jamais
prononcé, l'hommage au Vautour originel est particulièrement
réussi dans son intégration au MCU ; et M. Keaton
livre une nouvelle fois une prestation irréprochable.
De son côté J. Watts navigue entre deux extrêmes
: parfois carrément fade, et parfois totalement inventif
et en adéquation avec la BD (il y a des plans magnifiques
!) ; globalement équilibrée, la réalisation
suit en fait le scénario et ne parvient pas toujours
à le... rééquilibrer. Et il est difficile
de ne pas évoquer le petit retournement de situation
qui fait à la fois grandir le film et son héros
: le scénario change de ton, pour le meilleur, et apporte
un vraie dimension dramatique à l'oeuvre ; peut-être
ce qui manquait tout particulièrement à la 1ère
partie de l'histoire ?
Il y a donc du bon, mais la vue d'ensemble n'est pas toujours
élogieuse : un montage parfois trop hâché,
un manque de surprise pour un héros que l'on connait
désormais par coeur et un film qui finit en beauté
après des débuts trop chaotiques et presque hésitants.
Coup de gueule : quand est-ce que les distributeurs
feront ENFIN bien leur boulot en respectant à la fois
la langue de Shakespeare et donnant aux français les
notions d'english qui leurs manquent souvent ? Pourquoi Spider-man
se francise stupidement avec un abominable, insupportable "i"
prononcé quand les frenchies achètent des aï-phones
ou des naïke, boivent du spraïte, font des straïkes,
aspirent leur appartement avec un Daïson, conduisent un
saïde-car...etc. La prochaine fois on cause de Heulk...
NOTE : 13-14 / 20