Que les fans ne s'arrêtent surtout pas au titre, seul
véritable "défaut" de ce film : oubliez
le comics originel, la civil war n'est ici qu'une toile de fond,
une version ultra-light qui sert de prétexte à
un film différent mais tout aussi complexe : on assiste
plutôt au "Soldat de l'hiver 2". Ceci posé,
passons aux choses sérieuses : le Captain se bonifie
avec le temps et son histoire s'intensifie avec intelligence
et un brio hors du commun pour un film qui reste pourtant bel
et bien une oeuvre made in Hollywood. Il est stupéfiant
de voir la fluidité qui existe entre tous les épisodes,
voir entre les divers films du MCU ; et ils sont tous hyper-connectés
et d'une logique implacable. Mieux : l'influence des comics
-pour qui s'y est quelque peu intéressé-, de l'univers
étendue (TV) est parfaitement digéré dans
ces toutes nouvelles aventures. Passons rapidement sur deux
trois points excellents mais qui ne prêtent guère
à être developpé ici : la composition musicale
bien supérieure aux autres épisodes, un humour
totalement bien intégré dans ce qui reste un drame
plus pesant qu'à l'accoutumée, et une réalisation
beaucoup plus que simplement efficace ; un travail très
fin de la part des deux frangins qui s'améliorent de
film en film.
Mais ce qui m'a réellement scotché reste la scénarisation
quasi parfaite de ce film plutôt complexe à aborder
: il prend son temps, sait se poser, alterner avec des scènes
d'action sans pour autant avoir l'air d'obéir à
un quota de production, il n'hésite jamais à se
lancer dans de longs dialogues chiadés et lourds de sens,
à débuter par une longue introduction afin de
remettre le spectateur au coeur de la problèmatique,
de le rattacher aux personnages. Personnages qui seront tous
bien plus fouillés qu'il ne pourrait y paraître
de prime abord : non seulement ils ont tous droit à de
belles apartés, condensés et redoutablement efficaces,
mais, sans vouloir aller trop loin dans l'analyse, cela va bien
plus loin que cela : le cas de Vision commettant une erreur
grave alors que la Sorcière est à terre est lourd
de sens pour qui connaît leur future connexion ; la love
story amorcée -seulement amorcée- entre Cap et
Sharon ne semble plus tomber comme un cheveu sur la soupe pour
qui a eu vent des liens qui unissent Steve et l'agent Carter...
Des petits détails qui font toute la saveur d'un film
qui possède plusieurs niveaux de compréhension
finalement. Et puis l'histoire est tout simplement fascinante
: un scénario avec en fond des drames qui prennent à
nouveau toute leur ampleur, fouillés et dont les tenants,
les aboutisants et les conséquences sont longuement expliqués,
analysés afin d'y impliquer les spectateurs (coche complètement
raté dans son soupirant DC Comics et qui en a laissé
plus d'un sur le carreau...). Et par dessus tout cela on trouvera
pas moins de trois niveaux d'intrigues : l'histoire en continuité
de Bucky, celle de Zemo (devenu colonel à l'occasion
et non plus Baron) et la fameuse scission des Avengers ; trois
intrigues reliées par un fil d'Arianne et dont la conclusion,
surprenante au possible, n'a nulle égale en puissance
dans aucun film de super-héros vu à ce jour. L'oeuvre
ménage de belles surprises, retournements de situations
jusqu'à un dénouement somptueusement réussi.
Concernant la civil war, dans chaque camp, chacun des protagonistes
apporte sa personnalité son vécut, sa psychologie
: Captain a déjà combattu pour préserver
la liberté, Stark retrouve peut-être ses affinités
premières avec le cadre gouvernemental, T'Challa a des
intérêts tout personnel, Spidey y est clairement
manipulé en raison de son jeune âge, la raison
ou les divers traumas faisant le reste. D'ailleurs l'introduction
de la Panthère noire et du tout nouveau Spidey est impeccable.
Réussi car le ciment de cette scénarisation au
cordeau n'est autre que la thématique du film : la vengeance.
Celle qui unit et désunit des personnages dont on a du
mal à ne pas ressentir une empathie, pour chacun d'entre
eux : difficile de choisir une équipe une fois la problématique
exposée, de ne pas comprendre les points de vue de chacun
; difficile de condamner le bad guy une fois qu'on en apprend
plus sur son histoire - à bon méchant, bon film.
Vengeance qui est le point commun entre La panthère noire,
Tony Stark et Zemo. Le film pose également la question
-sous un angle fantastique- de la culpabilité : celle
des Avengers face aux trop nombreux dommages collatéraux,
celle de Bucky alors qu'il n'avait plus conscience de ce qu'il
faisait et, bien sûr, celle du bad guy (j'ajouterai celle
de Vision même si cela aurait pu être un peu plus
fouillé).
Techniquement il n'y a aucune fausse note, ou presque : le film
privilégie de nombreux effets de plateaux et cascades
(bien appuyés par de très discrets effets numériques),
les effets spéciaux ne sont jamais envahissants et seraient
pas loin d'être minimalistes (finalement les super-héros
en présence n'ont pas de pouvoirs démesurés)
et le film n'est jamais étouffé par ce trop plein
visuel qui caractérise trop souvent les films du genre.
On se retrouve par conséquent en plein fantasme dans
le grand combat central (Cap Vs Spider-man ! Ce qui arrive de
Antman !...etc) même si celui-ci laisse vraiment de côté
le sans doute trop puissant Vision... Le long combat magnifiquement
orchestré entre Captain et Iron man jouit du même
traitement et nous permet de vibrer jusqu'au bout.
C'est au final un film parfaitement équilibré,
dialogué, aux scènes d'action pour autant très
impressionnantes, fouillé de bout en bout, claire et
à la fois profond, distrayant, intelligemment fait et
avec beaucoup d'implications, même si celles-ci restent
internes à l'univers du MCU ; en tous les cas pas loin
d'une certaine idée de la perfection formelle et fondamentale.
Le genre de film que l'on a immédiatement envie de revoir
sitôt terminé !
NOTE : 15-16 / 20