Mercredi 18 mai 2005, minuit. Star Wars III commence,
en avant-première ; quelques centaines de fans ont fait
l'effort, le public est en ébullition. Première
scène : une bataille spatiale d'un genre inédit,
virevoltante, tonitruante, presque palpable - Quelques critiques
se sont arrétés, semble-t-il, ici : au soit-disant
trop-plein d'effets spéciaux (ce sera, à mon sens,
la seule scène "énorme") utilisé
par Lucas / ILM. Pourtant le maitre a fait un superbe cadeaux
à ses fans, il a conclut en grande pompe, le feu d'artifice
qu'est la saga s'achevant forcément par le bouquet final...
Et puis, comme pour Un nouvel espoir,
ou son technicien John Dykstra avait réinventé
(ou plutôt inventé) le space-opera, Lucas dépasse
le stade du simple video game et transcende les combats : cette
fois ce ne sont pas les vaisseaux qui vont aux spectateurs mais
les spectateurs qui "vont" aux vaisseaux (une caméra
quasiment subjective). De toutes façons une telle qualité
de FX ne peut être totalement négative -au sens
artistique du terme- et notamment au niveau de la beauté
des images (Coruscant en couché de soleil... j'y vais
pour les vacances !)
Et le film se poursuit, les scènes s'alignent, le temps
se rétrécit et notre amour va grandissant. Hors-mis
quelques conclusions de scène un peu hâtives, ou
fades peut-êtres (à revoir), la magie Star Wars
est plus que jamais présente et le film se hisse sans
peine parmi les tout meilleurs de la saga, semblant devoir réconcilier
les anciens fans et les plus jeunes. Sans conteste, car c'est
de toutes évidences le plus émouvant (c'est le
dernier à sortir, l'histoire d'amour et de destruction
est vibrante et le glissement vers la saga originelle est fascinant).
Lucas achève personnellement son oeuvre sur une excellente
note : celle d'un réalisateur qui livre tout, surtout
lors des scènes intimistes (il devient moins un "peintre"
qu'un "directeur") ; les plans en close up entre Annakin
et Padmé après l'ampleur (justifiée donc...)
de la bataille introductive, l'utilisation subtile des ombres
et des lumières pour servir son récit (Annakin
à demi-éclairé lors de son premier entretien
avec Yoda) ou encore le montage alterné (presque des
plans de séparation...) lors de l'ultime scène
avec Annakin et padmé. Ajoutons une mention spéciale
au très grand acteur H. Christensen, réellement
investi de son rôle.
Et quand vient le générique, nous reviennennt
déjà à la mémoire d'immenses scènes
: le dernier dialogue entre Annakin et padmé, lourd de
sens - le combat Vader / Obiwan et surtout la transformation
de seigneur noir - les nombreuses scènes faisant appel
à l'émotion (que ceux qui trouvent les dialogues
mauvais ré-écoutent ceux que les personnages communs
aux deux trilogies déclament dans SW 4-5 et 6...). On
se souviendra, enfin, de l'extrême noirceur de cet opus,
de la violence latente, voir surprenante (la scène avec
les padawans, la "mort" d'Annakin et son passage physique
dans le costume de vader, la mort des Jedis et les mutilations
en pagaille (un vrai festival !).
On note également dans cet épisode, plus que dans
les autres encore, une façon plus direct, plus incisive
de parler de politique, à l'image du combat entre Yoda
(garant de la démocratie) et Sidious (chantre de la barbarie
totalitaire) dans le lieu hautement symbolique qu'est le sénat.
Ou encore le discours de ce même Sidious, comme adressé
à certains de nos dirigeants, sur un "état
sécuritaire et policé"... Bien plus emblématique
de la saga que sa réduction au combat entre le Bien et
le Mal.
N'oublions pas tout ce qui fait de Star Wars une oeuvre unique
et immortelle : des combats au sabre laser (vifs comme la jeunesse
des jedis), des vaisseaux en guerre (des combats aussi énormes
que la technologie est aboutie) et des batailles épiques,
des parallélismes entre les deux trilogies (Yoda en fuite
du sénat / Luke en fuite de la Cité des Nuages
- Lars sur un couché de soleils / Luke sur un levé
de soleil, le devoir cornélien de tuer celui qu'on aime...),
des clins d'oeil pour les fans (l'étoile noir, Chewie
et Kashyyyk, Alderaan, les couloirs blancs des futurs vaisseaux
rebelles...) ainsi que la fascinante mélopée de
John Williams, soit un condensé de tous les thèmes
de la saga -ceux de D. Maul, de l'Empire, le love thème...-
ainsi que de nouvelles et superbes envolées lyriques
(celle du combat final).
Voilà, c'est fini... on connait les liens qui unissent
Palpatine et Sidious, les origines et raisons des problèmes
de mémoire de 3PO, toutes les causes du basculement d'Annakin
du côté obscur (2 raisons intimes -dont une latente
et une de coeur- et une externe et... philosophale), l'histoire
de la chute de la belle et ancienne technologie, l'absence de
l'arsenal de la Tred Fed dans les derniers épisodes ainsi
que les raisons des revirements des clones (très anti-militariste
tout ça...). Même Jar-Jar
s'est définitivement tu et a rejoint sa planète
à tout jamais...
On se lève, les larmes aux yeux (le bonheur, en fait
!), se disant que Star Wars était une grande et belle
aventure. Elle se poursuivra à jamais dans le coeur de
tous les fans. Et on peut en être fier... extrêmement
fier.
Samedi 21 mai 2005 (deuxième vision) : si ce
n'est cette première scène mal pesée (la
délivrance de Palpatine), pour des raisons divers es
et variées (rien dans le fond, quelques touches sur la
forme, comme l'humour trop léger, des dialogues plats,
de gros effets de scénario... mais jamais nul !), je
persiste et je signe ; ce troisème épisode se
situe à seulement quelques coudées de l'Empire
contre-attaque. L'intensité du film (qui explique
en partie la légèreté des prémisses)
est toujours aussi impressionnante et puissante, Annakin devenant
l'un des personnages les plus forts de la dramaturgie du 7ème
art ; il pêche par amour, par ambition, il pêche
parce que ces principes sont rigides et passionnels, il pêche
par peur, peur de perdre ceux qu'il aime, il pêche parce
qu'il est inexpérimenté et aveuglé... il
pêche et sa passion se retorune contre lui, il perdra
tout ce qui faisait de lui un homme, l'amour, la raison et la
liberté. Vador en devient d'autant plus pathétique,
son histoire est réellement abominable, son destin aussi
atrcoe que touchant, et on ne peut que compâtir ; il importe
dorénavant de regarder les épisodes suivants avec
le nouveau regard que l'on porte à celui que l'on croyait
si inhumain et vil. Je pense que les épisodes 4-5-6 vont
prendre une tout autre saveur...
NOTE : 17-18 / 20