Mais que sont-ils en train de faire de Star wars...
et surtout de son mythe ? Le réduire tout simplement
à des costumes, des décors et des effets en tout
genre ?
Et c'est pourquoi nous rentrons sans encombre dans cet univers,
pour le moins familier, univers tout autant visuel que référentiel,
codifié à l'extrême : on y retrouve les
design typiques parfaitement intégrés aux nouveaux
décors, toutes sortes de droïdes toujours aussi
affriolants (avec un droïde "cgtiste" du plus
bel effet), des créatures de l'espace qui ne sont pas
forcément des limaces, des planètes fortement
ensablées et d'autres que l'on rêvait de visiter
depuis des décennies, des races d'aliens connues et reconnues
et quelques nouvelles, un Empire déjà très
puissant et toutes sortes de clins d'oeil pour les fans (Warwick
Davis, le mauvais pressentiment, Bossk, la scène de shot,
la fameuse blague du vieil ami en colère entre Solo &
Lando... et un visage connu à la fin...). Mais une fois
planté ce merveilleux et très évocateur
décor, que nous reste-t-il donc, en arrière-plan
?
Car ce qui me gêne de prime abord c'est de n'avoir jamais
ressenti l'excitation pourtant légitime de découvrir
de visu la rencontre entre Solo et Chewbacca, celle d'avec Lando
Calrissian, l'origine de son nom légendaire, la célèbre
acquisition du Faucon Millenium dont on nous rabat les oreilles
depuis 40 ans. Rien. Pas plus que d'émotion, comme celle
perçue lorsque revivaient mes héros vieillissants
devant mes yeux d'enfants quarantenaire dans un épisode
7 selon moi mémorable (le dernier SW respectant les bases
?). Pourquoi ? Déjà parce que l'on a la désagréable
impression que Solo s'est construit en quelques jours, en une
seule aventure ; exit son porte-bonheur dont on saura rien...
mais dont on aurait justement aimé savoir tout ! Oui
: on aurait tant aimé en apprendre d'avantage sur cet
anti-héros au grand coeur ; autre que ce que l'on connaissait
déjà.
Mais à vrai dire ce n'est pas le coeur du problème.
Le problème du film est que la reprise de la licence
se fait en dépis du bon sens, et encore une fois au détriment
de son âme. Certe, il est louable qu'elle puisse évoluer,
explorer d'autres horizons ou personnages ; mais elle ne peut
pas perdre son âme, cette inspiration littéraire
autour de tous les mythes de la création humaine. Et
cette fois encore, après le décevant mais cependant
correct Rogue One, après un épisode
8 qui reste le moins bon film de l'octalogie, et malgré
la présence rassurante de L. Kasdan au générique,
ce film est déconnecté de l'essence de l'oeuvre
de G. Lucas. Déconnecté à la fois de sa
mythologie diégétique et de LA mythologie, celle
qui est au centre des 7 premiers tomes. On perd au change cette
double lecture, cette profondeur littérale, et les films
deviennent alors de trop simples oeuvres d'aventure à
sens unique, à l'écriture linéaire, ennuyeuse,
commune. Ce n'est pas tant que le héros est désincarné
ou fade, comme il a été décrit ça
et là, mais c'est plutôt un héros orphelin
puisque ne s'inscrivant plus dans une logique de mythe (ici,
celui du "cavalier solitaire" ?). Il ne s'agit en
rien ici d'un western hawksien de l'espace pas plus que d'un
solide film de guerre. Et la meilleure preuve de ce que j'avance
est la description de la trame elle-même : celle d'une
oeuvre basique, mélange de film de guerre et de film
d'aventure, avec un énorme ventre mou scénaristique
en son milieu, englué de dialogues, paresseuse (depuis
la rencontre de Vos jusqu'au vol du minerai) ; une histoire
sans enjeux et que seuls les twists et autres nombreux morts
semblent véritablement faire tenir debout. D'ailleurs,
au fond, cette histoire ne semble devoir être racontée
que pour éclaircir un point : celui du célébrissime
raid de Kessel ! De là à conclure que le film
n'est en quelque sorte pas forcément utile...
Le film n'est pourtant pas mauvais, il est assez agréable
à regarder, mais il manque simplement d'ambition, de
teneur, de profondeur, de... Star wars ! Même derrière
une scène en références aux tranchées,
malgré les nombreux clins d'oeil au western, de l'attaque
du train au vol de l'or. De plus la réalisation de R.
Howard (?) n'est pas toujours à la hauteur : entre une
superbe séquence d'attaque de train revue et corrigée
et des scènes plus posées, filmées à
l'emporte-pièce : il y a tout un univers. A. Ehrenreich
se débrouille pas mal en jeune Solo, même s'il
lui manque quelques sourires en coin.
Difficile de ne pas évoquer l'apparition de fin... si
ce n'est pour dire que c'est une scène typique de "fin
à suite"...
Et puis merde, cette fois c'est sûr : Han shot first !
NOTE : 12 / 20