L'impression de (re) voir un... Star wars.
Après un 8ème épisode qui restera comme
une aparté incohérente à l'intégrité
de la saga, on retrouve enfin tous les ingrédients auxquels
nous étions fortement attachés et qui suivaient
une logique imparable, une voix inaliénable. Car il y
a tout l'ADN de Star wars dans L'ascension de Skywalker,
il y a également tout l'esprit de Georges Lucas :
le côté "serial" cher à l'auteur
de Indiana Jones, l'âme d'un film de guerre classique,
l'amour de la culture nipponne (le casque de Ren), la présence
de mondes évocateurs et, surtout, l'essence des contes
de l'humanité, directement inspirée de l'oeuvre
de Joseph Campbell (Ah ! Les reliques...). On retrouve même
-et certains le verront comme un défaut- une certaine
expression de la naïveté qui traverse chacun des
films.
Bref : on en revient à ces bases qui ont forgée
une saga depuis le début et qui ont fait cruellement
défaut à qui ne voit pas cette série de
films comme du simple space opera, de la pure science fiction.
Star wars comme une seule et longue histoire,
d'une seule et même voix, avec ses variations subtiles
autour de thèmes centraux et immuables. L'histoire d'un
film qui se répète tout comme la grande Histoire
: les retrouvailles avec l'Empereur (inspiré par Nixon
à Lucas) justifiant à elles seules la volonté
de ce film...
Le scénario va donc s'ingénier à colmater
les brêches de façon plutôt équilibrée
avec d'immanquables clins d'œil aux épisodes charnières
que furent Le retour du Jedi et La
revanche des Sith (moins...), histoire de clore ce
poème galactique en beauté, même s'il le
fait de façon plus référencielle que véritablement
symétrique : le monde de Endor et de Mustafar, un hommage
au Sarlacc et à la barge de Jabba, une classique destruction
de planète (qui justifie le relicat de l'Etoile Noire
?), le retour de Lando Calrissian, la médaille de Chewie
-enfin !-, le comique de Poe qui répond à celui
de Solo, ou encore le retour surprenant -mais comme je le disais
somme toute logique- d'un empereur impeccable (de même
que la passation de pouvoir propre aux Sith). Et tant d'autres
: le "... I know" résonne encore en moi...
Et au-delà de ça on en revient à ce qui
avait scellé les autres trilogies : une saga familiale
-forcément !- qui renoue enfin avec l'émotion
des autres tomes, et des caractères aux relations complexes,
multiples et joliment réinventées. Clore c'est
également faire avancer le récit : à l'image
de ces explications tout à fait satisfaisantes (les origines
de Rey, sa puissance, ses liens particuliers avec Kylo Ren)
qui font grandir le film, de ses adieux bien pesés et
bien aidés de moults clins d'oeil (de beaux retours,
des voix évocatrices, des références),
d'une vraie sincérité. Un merveilleux et vibrant
hommage dans chaque plan, chaque séquence, parfaitement
digéré et qui ne se limite jamais à n'être
qu'un catalogue de clin d'œil (le retour de Wedge m'en
est témoin). J'ai même trouvé les scènes
entre Ren et Rey plutôt soignées dans leur dramaturgie
; l'interraction des pouvoirs Jedi / Sith est superbement maîtrisé
et leur évolution justifiée. D'ailleurs l'évolution
globale des personnages est notable bien que l'on ne manquera
pas de regretter la sous-exploitation des Chevaliers de Ren
et, évidemment, celle de Léia. Ce qui n'est pas
le cas des aventures dans de nombreux mondes exotiques que l'on
a plaisir à (re) découvrir et qui nous embarquent
aisément. Tout est là et bien là : jusqu'en
un humour tellement plus fin, discret et bien mieux intégré
; de même que des créatures qui sentent moins le
merchandising, à l'image du fabuleux Babu Frik.
Bien sûr ce n'est pas forcément le meilleur Star
wars de la galaxie : mais j'ai ressenti un travail de fan, authentique,
et des gens investis dans chaque domaine ; avec une mention
spéciale pour un John Williams à nouveau grandement
inspiré. Des défauts ? Oui : sans spoilers aucun
j'ai trouvé quelques facilités scénaristiques
(la mort d'un personnage, le revirement d'un autre, le retour
un peu avare en explications d'un troisième) et diverses
scènes un peu parasites qui le seront selon vos diverses
sensibilités, et qui peuvent être importantes en
nombre plus que pour leur incidence sur la trame. Pourtant une
seconde vision lèvera aisément la plupart de mes
doutes : chacune étant explicitée à qui
sait écouter (notamment la présence de "chevaux"
lors de la bataille finale ; et ne confondons par "artefact"
et "relique" Sith...).
L'ascension de Skywalker reste donc une conclusion
plus honorable, pas exempt de scories mais une formidable tournée
d'adieu à la réalisation enlevée qui sait
accompagner ses personnages dans chacune des scènes :
justifiant ainsi que le film soit bien plus qu'une oeuvre à
grand spectacle, un morne divertissement à effets spéciaux...
Avec une espèce d'aura mystérieuse entourant même
quelques séquences (je pense aux esprits Sith).
Voici donc la fin de cette ennéalogie, fin de l'une des
plus longues sagas familiales de la galaxie, fin d'une saga
politique (de Nixon aux guerres économiques du XXIème
siècle, en passant par l'Irak) qui presse les Hommes
à se soulever contre toutes les tyrannies, à résister
pour la liberté et pour la paix ; une saga ou le Bien
et le Mal se confondent à travers leurs divers héros.
Doublement. Je terminerai en m'adressant aux fans de l'épisode
précédent, ceux qui regrettent tant que les Jedis
restent cloisonnés à une affaire de famille :
que pensent-ils de ce personnage qui ressent par deux fois ce
que ressentent les Jedis (notamment la mort d'un proche), qui
sait parfaitement ce que qu'éprouve Rey -à la
manière de Leia !-, et qui a quelque chose de mystérieux
à dire... sans ne jamais pouvoir le prononcer ?
Emu quand même...
NOTE : 17-18 / 20