35 années de passion... et je n'aurais jamais cru être
réservé à propos d'un film issu de cette
immense saga. Même si à sa seconde vision j'ai
largement tempéré mes propos (voir plus bas) mais
vous laisse découvrir ma critique originelle. Les détracteurs
de l'épisode précédent imputaient ses défauts
à ses ressemblances aux autres éléments
de la série alors qu'il s'agissait en fait d'un film
passant le relai, épisode de transition qui avait pris
parti de rappeler l'essence (et pas seulement le scénario...
voir ma critique détaillée) de la saga intergalactique,
le socle d'un mythe plus qu'une simple trame. Ses menus défauts
étant essentiellement diégétiques et selon
moi, fort peu nombreux. Alors que nous propose ce second opus
de la nouvelle trilogie ? Un alignement de scènes sur
une trame reconnue, tout autant que dans le précédent
film : le maître Jedi et ses divers problèmes d'apprentis,
le jeune Jedi que l'on souhaite attirer du côté
obscur, un Nouvel Empire Vs des rebelles en sous-nombre... On
retrouvera également une planète blanche, en forme
de clin d'oeil, où le Premier Ordre délogera les
rebelles ; mais cette fois au fil de scènes qui ne parviendront
pas toujours à me convaincre. Pas complètement
en tous les cas.
Pourquoi ? Tout est affaire d'écriture, et essentiellement
d'écriture. Parce que, justement, le mythe est cette
fois "malmené" et que quelques scories viennent
entacher régulièrement le film. Cette succession
de séquences grossissant parfois à outrance le
trait (les créatures de l'île) et débouchant
inlassablement sur une pointe d'humour -marque de fabrique de
Disney que l'on retrouve dans les films Marvel- n'est jamais,
non seulement parfaite, mais tout simplement réussie
de bout en bout. Et ça, c'est terrible pour un fan...
On retrouve donc ce comique tout azimuth, attribué aveuglement
à n'importe quels personnages, intégré
très maladroitement au sein de scènes qui n'en
avaient nullement besoin (l'aparté sur la tunique / cape
est totalement déplacé, la bouffonerie du général
Hux au début...etc). Quand Yoda était un maladroit
vieillard un rien sénile, Luke préfère
les puntchlines trop appuyés, singeant son maître
de manière artificielle. Certaines scènes possèdent
par ailleurs une écriture assez chaotique dont on ne
voit que trop les coups de biseau. Quand elles ne débouchent
pas sur des séquences fondamentalement médiocres
: je pense que la fameuse scène de Léia fera couler
beaucoup d'encre pour la simple et bonne raison qu'elle n'est
ni expliquée, ni évoquée sur le tôt
ou sur le tard, et que ses seules raisons d'être sont
parfaitement maladroites... Encore aurait-il fallu que la suite
de l'histoire justifie pleinement ce changement de cap : ce
n'est aucunement le cas. Ce n'est que mon avis.
Il y a un gros problème de crédibilité,
parfaitement diégétique, une crédibilité
interne : trop de scènes ne tiennent pas sur leurs bases
-simplement sur leurs bases- et induisent de gênantes
questions. Quand le Premier Ordre a la main mise sur la plupart
de l'univers connu, une armée consistante, il est bien
difficile de penser que de simples petits vaisseaux puissent
échapper à leur vigilance, et ce à de très
multiples reprises. Pourquoi, malgré leur force de frappe
évidente, le N.O. n'encercle-t-il pas cette poignée
de rebelles afin de contourner leurs boucliers ? On sait pertinemment
depuis l'épisode 4 qu'ils peuvent savoir s'ils sont porteurs
de vie ou pas : comment Finn et Rose peuvent-ils quitter les
lieux de la bataille au nez et à la barbe du N. O. et
revenir sans gêne ?? Pire, qu'ils puissent les laisser
indifférents quand tant de navettes de transports quitte
le vaisseau principal (ce sera un traître qui suggérera
leur présence !!) ? Beaucoup de questionnement qui portent
un coup à l'intégrité de l'histoire elle-même
et nous empêchent de croire que les rebelles sont en sous-nombre,
désespérés face à un armada toute
puissante. Et dans un autre registre : Pourquoi le nouveau commandant
n'informe-t-il pas Poe des intentions de la résistance,
même si celles-ci auront du mal à satisfaire le
spectateur ? Certe : ce ne sont que des séquences, pas
le coeur du film...
Autre problème perturbant : certains personnages. Leur
manque d'intensité psychologique fait que, pour nombre
d'entre eux, on ne s'y attache pas, ou pas assez : c'est le
cas de l'amiral Holdo, débarquée au commandement,
de Rose malgré une ébauche, de la sympathique
et commerciale potiche Porg, voir de DJ, que l'on aurait pu
comparer à Lando. De même nos personnages favoris
ne sont plus que des héros sans grands traits de caractère
: Poe ou Finn -malgré un clin d'oeil au passé
de ce dernier- et ceux dont on attendait beaucoup ne seront
que l'ombre d'eux-mêmes, de simples personnages d'action,
faute de temps alloué ; le plus regrettable exemple restera
Snoke (scène mal pesée et chiche), bien que l'apparition
de Phasma est également bien trop succinte à mon
goût. On sent que la dramaturgie, l'intensité dramatique,
celle qui nous avait parfaitement renversé dans l'épisode
5, ne parvient pas à faire naître d'émotions
suffisantes sur la longueur, celles correspondant à notre
attente ; la véritable et profonde dramaturgie est proprement
évitée, pas assez prégnante pour déboucher
sur un transfère et nous atteindre pleinement. Ici on
préfère ménager constamment le spectateur
et rester dans une émotion de surface.
Mais tout est loin d'être négatif : le scénario
est clairement recentré sur Rey et Kylo : Rey toujours
fragile, se cherchant, découvrant ses possibilités,
offre les plus beaux moments du film ; même si je pense
qu'une certaine déception viendra pointer le bout de
son nez à propos d'une question essentielle... Kylo plus
ambigu et imprévisible, prenant l'ascendant, montant
en puissance et en ambition et promettant le meilleur pour la
suite. Une très louable évolution psychologique.
Le film réserve tout autant son lot de surprises -bonnes
ou mauvaises par ailleurs- mais il se tortille comme il se doit
en terme de canevas ; le développement des nouveaux pouvoirs
Jedi me parait dans la droite continuité de la saga,
s'appuyant constamment sur ce qui pré-existait. On pourrait
souligner nombre de scènes au potentiel évident
-les combats épiques en grande partie-, un fond tourné
vers une certaine, même si maladroite, révérence,
ainsi que d'inusables nouvelles créatures (les Vulptices)
et droïdes (le BB-9E), et des effets spéciaux irréprochables.
La bataille finale permet au film de lever bien haut la tête
à la toute fin : intense, très bien scénarisé
(même si on a eu peur un instant), un peu plus émotive,
avec de superbes plans ; et toujours le maître absolu
aux commandes de la partition musicale : Sir John Williams ;
quoique plus effacé pour cet épisode.
J'ai l'air d'être franchement négatif car ma déception
est prégnante : ce sont de gros détails qui viennent
perturber de bonnes scènes dans leur essence, une structure
parfaitement adaptée mais construite autour d'une écriture
plutôt inélégante. Sur le papier le film
est consistant, mais le passage à l'écran est
plus aléatoire. Constamment tiraillé entre l'émerveillement
et la déception je fus ; Star wars 8
est "seulement" un très bon film -essentiellement
à cause de son traitement déséquilibré-
auquel il manque de grandes scènes, la complexité
de l'épisode 5, un apport plus profond à la saga
et une symbiose parfaite avec le reste de la saga. C'est une
oeuvre agréable mais trop distanciée. La réalisation
est également un bon ton en-dessous de l'épisode
7, plus monotone dans les séquences posées. Et
un montage qui oublie la signature des précédents
épisodes. Notons un très joli final qui laisse
imaginer de nombreuses pistes nouvelles... Un nouvel espoir
?
Seconde vision : Le film n'est pas complètement
réussi : est-ce cela qui m'a perturbé à
sa 1ère vision ? Conscient des défauts, je le
répète, partiels, menus, erratiques au sein du
scénario, je dois bien avouer que le film résiste
plutôt bien à une seconde vision. Ces défauts
passent un peu plus au second plan, voir s'estompent, même
si certains d'entre eux me gênent profondément
et parasitent durablement le film. Luke me semble moins bouffon
que je ne l'avais vu, Rose plus intéressante, l'entrainement
de Rey plus probant (la non-révélation est sans
doute plus fine que je ne l'eu cru : "nous sommes nos propres
parents"), la séquence du casino succinte mais pas
si mal. Une copie un peu pâle de L'empire
contre-attaque dont les plus gros défauts -de crédibilté
pour la plupart- émergent en son centre. La dernière
demi heure déchire et cette bataille de Crait est visuellement
extraordinaire
NOTE : 13-14 / 20