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Star wars - le réveil de la Force
Budget = 245 M$
BOX OFFICE France = 16 514 / 619 200 / 3 801 000 - 10 508 000 entrées
BOX OFFICE USA = 248,0 / 936,7 M$
BOX OFFICE Monde = 2 071,3 M$
 

Attention : ceci est une critique un peu spéciale (mais sans spoiler). Souvenirs. J'ai donc laissé ma saga favorite il y a 10 ans, la larme à l'oeil au sortir d'une avant-première mémorable (et oui : j'adore l'épisode 3 !), mais avec l'espoir que papy George ne laisserait pas tomber (la poule aux oeufs d'or) ses fans. N'oublions surtout pas que ce "Réveil de la Force" se déroule plus de 30 ans après un certain Jedi, et pas moins de 38 années après le tout premier épisode... et ce au terme d'un intermède qui n'a pas forcément fait l'unanimité.
Sachez par ailleurs, chers (ères) lecteurs (trices), que je prétend fièrement être un fan hardcore de la célèbrissime saga intergalactique dans le sens où je fus un collectionneur compulsif, où il fut un temps où je connaissais toute l'histoire et nommais par son nom le moindre caillou apparaissant dans la saga originelle (en tant que webmaster de "Star wars secret files"), où j'ai arrété de compter le nombre de fois où j'ai vu chacun des épisodes, où la saga débutée à la fin des années 70, celle de mon enfance, reste ma préférée et, enfin, dans le sens où les 2 premiers épisodes font définitivement partie des plus grands films de l'histoire du cinéma. Rien que ça ! J'aborde donc ce film avec l'intime conviction qu'il est d'ors et déjà impossible de retrouver toutes les sensations premières éprouvées lors de mon baptème du feu, à la vision de La guerre des étoiles : celle qui m'a rendu fou de cinéma et de science-fiction, et m'a métamorphosé en geek assumé. Dans ce contexte avouez qu'il est difficile, même pour un cinéphile averti tel que moi, d'effectuer une critique dans sa plus complète objectivité... Et pourtant...

Et pourtant me voilà revenu comme 35 ans en arrière, le regard un rien naïf, rempli d'émotions intenses et incoercibles, depuis les toutes premières notes de musique du générique introductif jusqu'à l'apparition de chacun des personnages de la saga originelle ; et ce jusqu'à la toute fin. Une larme à chaque fois. C'est un film qui de toute évidence joue à fond sur la corde sensible de ses plus vieux fans, parlant avant tout à leur coeur, à leurs souvenirs et à leurs sentiments... Abrams avait en fait deux choix possibles pour aborder une telle entreprise : repartir à zéro, faire table rase de l'histoire de base et risquer de perdre la moitié de l'audience (voir plus !), ou poursuivre sagement la saga, de façon respectueuse et sincère, mais en introduisant... autre chose. Il a préféré la seconde solution et je pense qu'il a fait le bon choix, même si l'exercice était délicat et le résultat peut-être imparfait mais vibrant d'amour (après plusieurs visons les quelques doutes s'estompent...).

Mais rentrons dans le vif du sujet : le film. Il avance constamment sur un fil tendu sans ne jamais tomber -bien qu'il trésaille maintes fois-, il est comme une espèce de transition qui reprend les marqueurs de chacun des premiers épisodes des deux précédentes sagas, mais choisi clairement son camp : son modèle absolu restera la trilogie originelle, rampe de lancement idéale pour ses nouvelles ambitions. Si l'hommage peut paraître trop appuyé -et il l'est, sans pour autant me déplaire-, il reste toutefois plus dans le tricotage des détails que sur les points les plus essentiels de l'intrigue, plutôt dans les clins d'oeil appuyés et assumés (Cf. la nouvelle "Tatooine", l'arrivée de Kylo Ren et son style, le droïde messager, le village brûlé, la transmission du sabre laser, les deux trouvailles dans le Faucon, la nouvelle Cantina, le QG des rebelles, l'attaque sol / air de l'arme...etc). C'est donc bel et bien un film en équilibre auquel nous avons affaire, destiné en priorité aux fans de la première heure, mais laissant clairement, et c'est un choix judicieux, les plus jeunes prendre le même train que leurs ainés afin de retrouver toutes les sensations d'origine : on se souviendra que la qualité du tout premier Star wars tient tout simplement du miracle, miracle que se réapproprie J.J.. En équilibre constant, donc, imparfait ou plutôt instable, certe, mais sur une trame dont le coeur permet au film de trouver de tout nouveaux axes (notamment les nouveaux héros, les bad guys, une nouvelle intrigue), axes incluant des thématiques existantes, marques de fabrique de la saga : les relations de famille, l'histoire du personnage sans importance qui va connaître une destinée extraordinaire, la lutte contre le totalitarisme, la lutte intérieure contre son ego. C'est une oeuvre qui est moins littéraire qu'émotive, moins librement scénarisé, laissant la magie, le simple plaisir d'une réunion de famille, de retrouvailles entre de bons vieux copains opérer. Dernier point : comme les autres films de la saga, plus particulièrement ceux de la trilogie originelle sans doute, ce film est déjà lourd d'une histoire, d'un passé, et on sent que l'on reprend le cour de cette histoire : C3PO a vécut des aventures que l'on ne connaît pas (Cf. son bras rouge) et le couple Han / Leia en a vécut d'autres et s'est même séparé ; et tout cela génère une force dramatique liée à ce sentiment d'inconnu exceptionnelle...

Voici cependant mes minces réserves : il manque sans aucun doute un bon brin de génie scénaristique derrière tout ceci, le film ne se détachant pas assez tôt de son modèle (si vous voyez ce que je veux dire...) ; le principal méchant est assurément trop esquissé -le film est un peu court- malgré son importance capitale (le génial A. Driver, tout en retenue) et on notera un petit manque de mystère (quoique tout n'est pas encore clairement dit...). Mais je trouve également qu'une petite faute est commise dans le choix de l'arme du Premier Ordre, faute inutile qui laisse cette mauvaise impression de "copie", et je pense que l'on y trouve quelques facilités héroïques dans le scénario, comme une espèce de classicisme trop bien huilé. Pourtant tout cela ne m'a pas gêné le moins du monde et Abrams est assurément conscient de ce qu'il nous propose : il suffit d'analyser la scène qui répond à la libération de Leia dans l'Etoile Noire pour s'en persuader. Ce film est un tout et, je le répète, l'émotion supplante facilement le reste. D'ailleurs les acteurs trouvent très rapidement leurs marques, on embarque dans cette aventure absolument gigantesque et honnête sans tiquer, retrouvant l'humour frais et cher à la saga, et surtout à Solo. L'oeuvre est de toute façon très clairement centrée sur ses personnages, leur présentation et diverses interactions, laissant l'histoire en toile de fond pour mieux mettre en avant ces retrouvailles, présenter les petits nouveaux et leur multiplicité. La réalisation s'adapte parfaitement et nous met également tout de suite à l'aise : une maîtrise parfaite pour une intégration parfaite des différents effets, comme une synthèse idéale de ce que l'on a vu dans les 6 épisodes précédents. Abrams s'avère par ailleurs être un bien meilleur réalisateur que Lucas : plus fluide, moins raide, anticipant brillamment les mouvements de ces personnages pour leur donner de l'ampleur et de la grandeur à son récit. Difficile dans ce cas de ne pas céder au plaisir coupable face à ce qui reste un habile placement de jouets ; un immense plaisir de geek.
On retrouve ici, et pour ma part, l'essentiel : l'esprit un rien perdu dans la plus récente saga de Lucas, un retour aux sources pour un film à mon sens équilibré et qui se devait de passer par cette réadaptation de l'audience ; Abrams aurait difficilement réussi son pari en empruntant le même chemin que Lucas sur la saga des 90's-2000's : se disperser, laissez une imagination sans borne noyer le poisson et finir par perdre un peu le spectateur sous les innovations, avec comme prétexte -louable je l'avoue- de nous présenter une époque plus fastueuse qu'elle ne le sera au temps de l'Empire. Je vois plus ce "Réveil de la force" comme un vibrant enseignement aux nouvelles générations, un nouveau départ en douceur plutôt que comme une copie simpliste et sans âme : il y a trop de nouvelles choses à explorer désormais. N'oublions pas que Star wars s'inspire des serials de cinéma (Flash Gordon) et le passage de relai via un réalisateur / scénariste / producteur de séries TV me parait tellement logique.
Finalement J.J. Abrams a suivi la logique du père de la saga : La réussite de Star wars, et son très large succès autant critique que public, cinéphiles ou non, repose sur ce melting pot culturel aussi intelligent que formidablement digéré ; L'Illiade, Oedipe, les diverses religion orientales, Eros & Thanatos, Jonas, la seconde guerre mondiale, le western, le film de samouraï, les chevaliers de la table ronde, les religions occidentales... etc, de même, pour la structure interne du récit issue de l'analyse de l'oeuvre de J. Campbell, sur l'étude des mythes. Abrams a fait exactement de même avec un nouveau mythe : celui engendré par Star Wars !!! La boucle est bouclée.
Je terminerai en rappellant une chose essentielle : les chefs-d'oeuvres ne sont jamais des films parfaits... puisque les films parfaits n'existent tout simplement pas !

NOTE : 17-18 / 20

[ATTENTION Petits SPOILERS inside : sur les détails du film pas sur l'intrigue] En réponse aux adeptes de la théorie du "copié-collé" de l'épisode 4 .

- Le 1er Ordre recherche son ennemi : L'organisation cherche une nouvelle fois à détruire ce qui pourrait les détruire : mais à cette époque nous sommes monté d'un cran ; ce sont moins les rebelles qui les inquiètent que le dernier Jedi, responsable de leur quasi extinction.
- La nouvelle Tatooine (Jakku) : Oui : c'est une planète désertique... mais point de fermes hydroponiques ou de fermiers. Le lien serait plutôt à faire avec l'épisode 1 : pas de trace de la famille de l'héroïne et celle-ci est plus où moins réduite en esclavage afin de pouvoir manger. Points communs logiques que partagent les héros de la saga.
- L'arrivée de K. Ren : Arrivé à bord d'un vaisseau, certe, mais dans des conditions différentes, plus "calme" (un mélange de la 1ère scène de l'épisode 4 et de celle où les stormtroopers recherchent les -et non le- droïdes sur Tatooine). D'ailleurs cette fois c'est tout le village qui passe au chalumeau. Une arrivée sur la terre ferme qui plus est.
- Le style de K. Ren : Rappel en forme de clin d'oeil ; c'est plutôt un costume militaire indiquant le rang de Kylo ; d'ailleurs ce dernier n'a pas le corps mutilé, pas plus que le passé chargé de Vader. Seulement des problèmes familiaux... faussement similaires par ailleurs.
- Le droïde messager : autre clin d'oeil appuyé, mais cette fois le message contenu dans le robot en question est tronqué. Pourquoi ? Pour faire la transition avec R2D2 ! Ce qui est le but premier de ce film. Et puis ces deux droïdes sont très différents (Cf. leur mode de déplacement).
- La transmission du sabre laser : cette fois elle est radicalement différente : non filiale (???), de manière neutre (pas par un autre Jedi) et surtout non volontaire.
- Les trouvailles dans le Faucon : assurément des clins d'oeil puisqu'elles qu'elles ne sont pas réutilisées.
- La cantina : Ici aussi c'est un hommage, un passage obligé même ; et ce n'est pas un simple bar comme sur Tatooine, la planète y est verdoyante, l'ambiance moins tendue et l'objectif pour nos héros complètement différent (le coeur de cette scène). La conclusion également.
- Le QG des rebelles : Similitude comme on en trouvera dans tout QG militaire de n'importe quel film, y compris ceux non-fantastiques. Un hommage clair et net aux épisodes 5 & 6.
- Le sauvetage de la princesse : Cette fois la "princesse" (Rey et non Leia) se sauve toute seule ; absolument pas dans les mêmes conditions (on ne neutralise pas le rayon mais le bouclier = hommage double épisode 4 & 6).
- L'attaque de l'arme secrète du 1er Ordre : L'épisode 7 présente une attaque sol / air plus proche de ce que l'on voit dans l'épisode 6.
- Luke se retire à cause d'un échec : il n'est JAMAIS précisé dans l'épisode 4 que B. Kenobi s'est retiré à cause de son échec avec Vader...
- La Jedi Rey : la 1ère trilogie est l'histoire de l'apprentissage d'Anakin, la seconde de Luke, la 3ème sera celle de Rey ; parallélisme parfait.

Je n'évoque ici que ce qui appartient au scénario et non pas à l'univers "Star wars". Lisez l'excellent livre "La magie du mythe" sur les origines de Star Wars ; tous les codes sur lesquelles s'appuie de tout son poids la saga y sont répertoriés et croyez-moi, rien de nouveau sous le soleil de Tatooine, un simple fil conducteur dramatique et très référentiel.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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