Sans doute le moins apprécié des critiques,
après l'épisode 1, et pourtant
On y retrouve exactement ce même souffle épique,
celui qui a emporté avec lui deux générations
de spectateurs, de cinéphiles : des combats spaciaux
à tomber par terre et qui n'ont pas pris une ride (même
si la nouvelle version ne leur rend pas hommage...), une impressionnante
course en motojet à travers une foisonnante forêt,
des laser-fights qui réveillent l'enfant qui sommeil
en nous, des créatures pour nous transporter et nous
faire rêver (la clique de Jabba est un festival absolument
jouissif !), des mondes extraordinaires de réalisme et
très évocateurs -dont le fabuleux village Ewoks-,
le palais de Jabba et sa barge, le mythique Sarlacc, les AT-ST,
une toute nouvelle Etoile Noire,...etc.
Mais ce sont surtout la toute puissance des personnages qui
nous happent : l'introduction des pièces maîtresses
de cet impresionnant et non moins important puzzle que sont
Jabba (tant attendu pour les fans de la 1ère heure !)
et l'Empereur. Ou quand on se rend vraiment compte que le terrifiant
Vader n'est qu'un subalterne aux ordres de bien pire et bien
plus puissant que lui. Et ce sont les liens qui unissent et
désunissent ces mêmes personnages qui sont le ciment
du scénario : et ces mêmes séquences où
les protagonistes se révèlent sont d'une force
narrative incomparable. Entre ces révélations
digne du théatre shakespearien qui apportent leurs lots
de scènes inoubliables (La sur de Luke, la mort
de Yoda
) et une thématique encore plus fouillée
-celle du pardon accordé par Luke à son père,
celui-là même qui le délivre du Mal !- il
y a ce combat final à la hauteur de nos attentes avec,
en apothéose, le visage tuméfié d'Annakin
tellement attendu et objet de tous les fantasmes durant une
décennie..
Si l'Empereur titille le côté Freudien (Oedipe),
Luke préfère la rédemption (le fameux retour
du Jedi) et Lucas de mettre le bon vieux Friedrich sur la touche.
Trépidant, excitant, très visuel et très
cérébral (le final prodigieux et fascinant où
le mal est vaincu par l'amour paternel). Bref, dans la pure
continuité des précédents épisodes,
on a tremblé, on a exulté, on s'est extasié
devant la partition impeccable de Williams (la dernière
composition vous tirera les larmes...), on a ri et on a pleuré.
Vador le terrible et le grand est incinéré, la
liberté reprend ses droits et la fête finale est
une apothéose somptueuse dont la version remasterisée
nous donne enfin toute son ampleur. Merci Mr Lucas de nous avoir
offert cet part de rêve et merci Mr Marquand pour cette
extraordinaire vision : rare sont les journalistes ayant évoqué
ce réalisateur et pourtant il suffit de s'attacher d'un
peu plus près à son travail sur les 1er et 2ème
plan pour comprendre les qualités de l'oeuvre).
Thématiquement ce Retour du Jedi va
même assez loin : entre l'hommage initial aux serial d'avant-guerre
et celui aux films de pirates, le scénario peut se targuer
d'une pique féministe assez remarquable ; quand la fameuse
princesse qui était en danger dans l'Etoile noire vient
sauver son fier chevalier de la carbonite !! Au-delà
de son hommage aux films de guerre il y a un message à
la puissance rare : cette nouvelle Etoile noire est une terrible
métaphore, symbole de la tentation historique, hideuse
et répétitive, comme un effort incessant de supprimer
une civilisation dans son entièreté...
Dernière chose à propos des Ewoks, tant décriés
à l'époque : ils sont en réalité
l'incarnation de la toute puissante nature face à l'industrialisation
et à la mécanisation de l'Empire ; ils luttent
contre cette force brute et mécanique (thématique
chère à Tolkien...), usant de l'ingéniosité
contre cette technologie au service de la guerre, criant le
droit des peuples dits inférieurs contre les tenants
du pouvoir. Et question sympathie poussive et naïveté,
je rappelle que ces jolis peluches rejettent a priori ces étrangers,
et essaient même de les bouffer, comme toutes bonne vieilles
peuplades des îles pacifiques à l'arrivée
des envahisseurs européens... Lucas : un fier anthropologue.
NOTE : 17-18 / 20