La note dénote une forte déception que je vais
essayer d'analyser dans cette critique : la première
réponse que je peux faire est qu'il ne s'agit pas, mais
alors pas du tout, du film auquel je m'attendais (précision
utile : je ne connais rien à l'univers DC). Je voyais
dans ce film une histoire de Super-héros trop puissant
et outre-passant son rôle de protecteur, prenant la grosse
tête et du coup se prenant pour Dieu... en tous cas pour
un dieu. Sans vouloir faire de comparaisons mal à propos,
la thématique globale et causale de ce film est plus
ou moins la même que celle du futur "Civil war"
de chez Marvel : un abus de pouvoir qui a pour conséquences
de graves et dramatiques dommages collatéraux. Sauf que
l'écurie Marvel a laissé deux films (voir plus)
gonfler le propos afin de l'ancrer dans le récit, celui
qui débute dans Captain America 3 et
se poursuivra dans les deux prochains Avengers.
Dans Batman V Superman tout ceci est condensé
en l'espace de 3-4 minutes (sic !) abscons, purement visuelles
et dont on a du mal, mais alors vraiment beaucoup de mal, à
laisser le pauvre Superman en assumer les conséquences.
Superman reste Superman pour le spectateur, pour moi : un être
fondamentalement bon, voir angélique. Rien à faire.
A partir de là le film va montrer sa grande faiblesse
: une écriture scénaristique sans relief, voir
carrément ratée. Pourtant la toute 1ère
scène laissait envisager le meilleur (le clin d'oeil
à Zorro). Cette 1ère moitié n'est qu'un
méli-mélo de dialogues pesants, de situations
qui tournent autour du pot puisque l'on sait déjà
où elles nous emmènent et surtout d'un scénario
qui a toute les peines du monde à convaincre ; et il
échoue cruellement. Manque de substance, de consistance,
de détails probants et même d'émotion. De
plus le film accumule nombre de scories qui me laissent perplexe
et dont voici les plus importantes : l'infiltration de Bruce
Wayne chez Lex Luthor tient à peine d'une scène
d'un James Bond des années 60 ; la scène de capture
de Batman arrive comme un cheveu sur la soupe (une ellipse ratée
?) et par un combat parfaitement balourd (les soldats qui attendent
patiemment que la chauve-souris leur mette une baffe) ; de même
le combat final et tant attendu est mis à mal par deux
choses qui me gênent tout particulièrement : tout
d'abord que Superman n'ai pas eu l'idée d'emmener Loïs
pour convaincre Batman et ainsi gagner de très précieuses
minutes pour sauver sa propre mère (mais ça...)
et enfin que Batman ait placé le fameux "bâton"
exactement à l'emplacement où Superman tombe après
une très longue bataille, bataille qu'aucun des deux
ne semblent cependant maîtriser. Des détails ?
Non : car il y en a trop pour les faire entrer dans cette catégorie,
et certains tiennent même à la structure du récit.
Et puis il y a cette espèce de jokerisation de Lex Luthor,
devenu plus bouffon que psychotique calculateur, surjoué
par le pourtant très bon J. Eisenberg. Voilà techniquement
ce qui m'a posé problème. Mais il y a également
quelque chose de plus personnel ; deux choses plus précisément.
Je l'avoue une nouvelle fois, je n'ai jamais été
en phase avec Superman -que Snyder avait pourtant brillamment
dépoussiéré, pour ne pas dire ressuscité
dans Man of steel- mais une
fois de plus le monsieur prouve que, scénaristiquement
parlant, les intrigues ne peuvent QUE passer par ses deux points
faibles : sa famille et la trop fameuse kryptonite. Et je continuerai
de trouver ce personnage, presque invincible, extrêmement
fade. Il y a ensuite le manque de profondeur du film, chose
à laquelle, je le répète, ne m'attendais
pas au vu de la bande annonce : Superman est effacé comme
l'est le discours sous-jacent sur la thématique religieuse,
la toute-puissance divine, discours étrangement laissé
dans la bouche de Lex Luthor et non pas dans celle de l'ange
noir qu'est Batman. Le film aurait pu aller beaucoup plus loin,
tellement plus loin sur ce sujet : mais était-ce le sujet
avoué du film ? Peut-être ne suis-pas pas objectif
dans le mesure où je rentrais dans la salle avec une
espèce de préjugé intellectuel ? Peut-être...Mais
tout n'est pourtant pas mauvais : Affleck m'a personnellement
convaincu en Batman. La mise en commun des talents de H. Zimmer
et Junkie XL -les deux plus grands compositeurs actuels- s'avère
très payant. Snyder n'est pas mauvais derrière
la caméra, même s'il ne rend pas la meilleure des
copies : une fois encore mettre en image un scénario
aussi chaotique tenait de la gageure, et la 1ère moitié
est un échec littéral. Et puis je commence à
être usé par ce trop-plein d'effets spéciaux,
surenchère parfois douteuse qui détourne l'intérêt
des spectateurs, n'étonne plus personne et pèse
sur le récit. Trop déçu...
NOTE : 6-7 / 20