Oubliez Superman... 
                  Le challenge était clairement de 
                  dépoussiérer un super-héros aussi populaire 
                  sur le papier que tombé en désuétude à 
                  l'écran : et bien les scénaristes ont fait un 
                  véritable travail de fond, peut-être même 
                  plus profond que pour Batman. Du titre du film jusqu'aux dialogues 
                  l'intention est clairement d'effacer ce Superman que l'on a 
                  suffisamment vu tourner : la scène où Loïs 
                  Lane n'a pas le temps de prononcer le nom complet est hautement 
                  symbolique et le côté presque moqueur des militaires 
                  à l'annonce du nom, prononcé seulement 2 fois 
                  dans tout le film, en dit long. Superman ne volera pas tout 
                  de suite et on remarquera que sa vision laser est très 
                  sobre dans les 3/4 des cas : pas de rayons ; de même le 
                  costume a vraiment de la gueule et tranche avec tout ce qui 
                  a été fait jusqu'à présent. 
                  Tout 
                  ceci n'est que détails me direz-vous ? Et bien vous avez 
                  partiellement raison : car la véritable force du film 
                  tient au fait que Superman puise ses faiblesses ailleurs que 
                  dans la ringarde kryptonite, véritable évolution 
                  scénaristique et joli tour de passe-passe : mais il est 
                  également vulnérable parce que ces proches, ceux 
                  qu'il aime, sont vulnérables ; ce qui le rend bien plus 
                  humain qu'à l'accoutumée. Ne cherchez pas non 
                  plus le Clark Kent journaliste, lunetteux et naïf, voir 
                  un peu benêt : ici le travail sur la psychologie du personnage 
                  est plus poussé, beaucoup plus poussé, et le message 
                  du film est beaucoup plus ambitieux : il est difficile de trouver 
                  sa place sur cette Terre mais c'est à chacun d'entre 
                  nous qu'il incombe de ce faire. 
                  Voilà qui fait beaucoup 
                  de changement dans les détails, non ! De plus le scénario 
                  a l'intelligence de ne pas nous asséner une "origin 
                  story" chronologique et pâteuse : l'histoire se fait 
                  au travers de flashbacks, autant de petites touches subtiles 
                  qui attisent notre intéret et nous garde concentrées 
                  sur toutes les strates du film. J'ai trouver Snyder assez sobre 
                  derrière la caméra, se reposant sur des plans 
                  caméra à l'épaule : mais il fallait bien 
                  celà pour faire digérer au spectateurs cette avalanche 
                  d'effets spéciaux, à la fois vibrants, immergeants 
                  mais également aussi pesants que logiques par rapport 
                  aux forces en présence. 
                  Il y a trop de morts innocents 
                  dans le film ? Oui : mais le savoureux bad guy ne parle-t-il 
                  pas de "génocide" ? En tous les cas voici le 
                  Superman que j'attendais : loin de son modèle BDphile, 
                  sympathique mais un peu ringard de 1979, et tout aussi loin 
                  du super-héros bâtard de 2006, mixte improbable 
                  et indigeste entre un reboot, un remake et une fausse suite. 
                  Une vraie claque visuelle et intellectuelle et un bon coup de 
                  balai sur nos préjugés vis à vis de ce 
                  héros que je trouvais, il y a encore peu, bien trop fâde 
                  et totalement inintéressant de par son statut invincible 
                  : il ne l'est plus...
                NOTE : 15-16 / 20