Une première scène en forme de clin d'oeil.
Batman est une adaptation littérale
de la BD, avec une Gotham plus vraie que nature, une réalisation
gothique et emphatique, jouant sur de belles séries de
plongées / contre-plongées, des images ténèbreuses,
proche du noir et blanc, et des plans ambigus, rendant un fabuleux
hommage à la force visuelle du comics. On a "reproché"
à ce Batman un B. Wayne complètement
effacé face au « joker »... S'il est vrai
que le scénario donne la vedette à Jack Napier
et que Batman semble un peu timide (d'ailleurs le nom de Keaton
vient après celui de Nicholson au générique
; Wayne apparait seulement après 17 minutes de métrage),
si l'on ne peut contester que le scénario se concentre
sur les origines du méchant, n'oublions pas que Batman
est censé être une espèce de fantôme
dans l'histoire... Pourtant il est dommage qu'il se voit attribuer
des séquences mineures de love story et autres mystères
identitaires courus d'avance ; la séquence où
les super-gadgets de la chauve-souris sont mis à mal
par le colt un rien transformé du Joker est tout de même
symbolique de l'intérêt que porte le scénariste
à son bad guy. De plus Nicholson immortalise un Joker
mémorable alors que Keaton restera trop timoré,
voir un rien froid.
Le scénario demeure extrêmement basique, limpide,
conservant les formes d'un origin movie à l'ancienne
et manquant d'être une réelle adaptation, plus
surprenante (à l'image du massacre dans le musée
d'art, hautement symbolique) : le méchant fait son boulot,
le Batman est trop effacé, on le (re) découvre
par petites touches, omettant bien des choses, et il se contente
de sauver la blonde en détresse (et quelle blonde !!!)
et le monde en péril, comme au bon vieux temps. Happy
end.
Mais l'univers sombre de Tim Burton -depuis les images assez
dark et même violentes jusqu'aux superbes décors
surdimensionnés- pas loin d'être claustro fait
mouche dans cette oeuvre assez ombrageuse pour le douceâtre
Hollywood, toutefois non dénuée d'un humour mordant,
plus proche d'une production Universal de la grande époque...
avec en prime la patte -que dis-je, la griffe- D. Elfman.
NOTE : 13-14 / 20