Batman ends... Une oeuvre avec un ou plusieurs twists ne doit
pas manquer de capter l'attention et l'intelligence des spectateurs
tout au long du métrage afin de ne pas faire reposer
tout le film sur les frêles épaules d'un final
flamboyant... voici le gros défaut de ce Dark knight
rises. C'est sans doute parce qu'il n'est pas aussi réussi
que son prédécesseur, qui avait placé la
barre très haute il faut bien le dire, que je n'ai pu
retrouver dans ce dernier tome tout ce que j'étais venu
y chercher. Car ce film est un peu trop tiède à
mon goût, sur tous les plans : si le scénario est
brillamment destructuré pour faire avancer de front 3
histoires qui se croiseront avec autant de force, on est loin
de la profondeur et de la complexité de celui de Dark
knight, ni de son homogénéité et de son
équilibre proche de la perfection. Comme si le scénario
servait à noyer le flux de dialogues, comme si l'on sentait
la pression sur les épaules de frères Nolan, cherchant
à éviter impérativement de faire un B-movie
mais s'y prenant un peu maladroitement, ne poussant pas toutes
leurs idées dans leurs derniers retranchements, ne les
explorant pas assez en profondeur. Les motivations profondes
de Bane resteront flous avant leur mise en lumière sous
un angle différent vers la fin du film ; on aurait dû
nous mettre sur une fausse piste plus sérieuse que celle
d'un simple terroriste à la violence gratuite qui, par
ailleurs, se casserait alors les méninges pour pas grand
chose s'il ne souhait que faire un maximum de cadavres. Ce bad
guy manque sérieusement de charisme et la mise en parallèle
avec le Joker est aussi inévitable que dommageable, ses
dialogues ne sont jamais assez marquants et il ne deviendra
fascinant que bien trop tard, lorsqu'on connaîtra tout
de lui... Disons que ce n'est pas le méchant ultime que
j'étais en droit d'attendre. Bien sûr que l'on
ne passera pas à côté de cet esthétisme
aussi sombre que soigné qui contribue au traitement de
thèmes aussi fort que la rédemption ou le terrorisme,
mais ne fait qu'effleurer des thématiques plus profondes,
plus socio-politico-économiques : la libération
d'un peuple d'opprimés -par la finance- par un gropuscule
extrêmiste, sa violence, sa fausse liberté, sa
justice expéditive, ses milices... Même les combats,
pour beaucoup au corps à corps, sont assez fades, en
tous les cas plus fades qu'ils ne sont vraiment réalistes.
Alors bien sûr que non, The dark knight rises n'est en
rien un mauvais film, mais plutôt un film plein de retenu
que rien dans l'introduction ne laissait envisager comme tel
; et même si Nolan reste appliqué dans sa réalisation,
maniant à la perfection l'art de l'ellipse, même
si le final est effectivement flamboyant, plus émotionnel
que tous le reste du film (pour un film qui traite de "l'humain"
c'est un peu génant), il manque un vrai suspens, plus
de tension, des personnages moins "carrés"
(Catwoman étant la seule ambiguité) même
s'ils sont extrêmement bien écrits, une meilleure
exploitation de ses idées, de ses thèmes afin
que les spectateurs ne s'acharnent pas à recoller les
pièces d'un puzzle qui parait plus fade qu'il ne l'ai
en réalité : sans doute une oeuvre que l'on se
doit de revoir en ayant déjà vu son grandiose
final mais dont j'ai bien peur qu'elle garde un petit air d'inachevée...
ou de mal achevée.
NOTE : 13-14 / 20
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La
critique des internautes |
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TDK Rises se présente comme la conclusion de l’épique
trilogie entamée par Nolan avec un Begins très
bon et un Dark Knight excellent. La fébrilité
était donc de mise avant d’assister à la
projection de ce batman qui se révélait être
le dernier réalisé par cet auteur. Nolan réussit
son pari haut la main :force est de constater la puissance narrative
et émotionnelle que dégage le récit. L’histoire
est sublime –les fameux twists propres à Nolan-,
la mise en scène extraordinaire, pas de temps mort, pas
mal de dialogues, toujours intelligent dans sa présentation
des personnages et dans sa recherche de la perfection, il faut
bien reconnaître que ce Batman est un chef d’œuvre
des films de super héros. Peut être même
un chef d’œuvre tout court. Car nous ne sommes pas
vraiment devant un film de super héros, mais plutôt
devant un thriller, dans lequel nous retrouvons un Batman affaibli
psychologiquement et physiquement. Et Christian Bale d’apporter
toute sa profondeur de jeu, d’intéragir avec Michael
Caine dans des scènes très touchantes teintées
de dialogues justes. La musique colle parfaitement à
cet humain tourmenté voulant accomplir des choses héroiques.
Mais face à lui une montagne. Cette fois ci, nous avons
un nouveau méchant –semble-t-il- en la personne
de Bane, terroriste masqué. Il est difficile de passer
après la performance hallucinée d’un Heath
Ledger métamorphosé pour le rôle, mais Tom
Hardy s’en sort remarquablement bien, avec une voix rauque
derrière le masque qu’on n’est pas près
d’oublier. Ajouté à cela un regard de fou
furieux, la terreur s’installe, le méchant charismatique
tant redouté est bien présent. Les autres acteurs
sont soit excellent –Joseph Gordon, que tu joues juste
!-soit passables –M.Cotillard. Les scènes d’actions
sont vertigineuses, justifiant amplement le budget pharaonique
de cette superproduction intelligente. Intelligente, comme l’introduction
de Catwoman, superbement jouée par Anne Hattaway qui
donne un charme fou à ce personnage ambigu. Ambigu, comme
la fin envisagée par Nolan pour clore sa trilogie, qui
laisse court à l’interprétation dechacun.
Ce dernier film sert de lien parfait et continu avec les deux
premiers films. Voilà, on y est. C’est la fin de
Batman, d’une conclusion puissante évoquant des
thèmes aussi sombres que vrais. Ces évocations
sonnent terriblement justes par cet art de l’ellipse si
chère à Nolan.
Voilà, on y est. Encore. Séance terminée,
dernière musique du chevalier noir. Dernier Batman en
date réalisé par un génie. Par un futur
maître du cinéma ? Aussi.
NOTE : 18/20
Juju
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Je vais faire ce que les gens n’aiment plus je crois,
c’est-à-dire, commencer par révéler
la fin de mon propos : Je suis maintenant convaincu que ce troisième
épisode est le meilleur de la trilogie.
Je pourrais me perdre dans Kafka, dans Dickens, dans Nietzsche
(encore et toujours), dans Marx, dans Vallès, dans les
affres de l’histoire du XVIIIème, XIXème
et XXème siècle, je pourrais m’étendre
sur l’actualité. Mais tout cela, le film le fait
de manière si explicite, si visuelle, que ça serait
bien lourdingue de ré asséner.
Je vais simplement donc vous présenter un point de vue.
Même si beaucoup s’accorderont à dire que
ce film est excellent, personne n’osera dire qu’il
est meilleur que le précédent. Je ne dis pas ça
par esprit de révolte, et je vais tâcher de vous
présenter mon point de vue de façon claire.
Le Dark Knight présentait le chaos, il était un
film sur le désespoir, sur la fatalité. Il se
clôturait sur la meilleure partie du film qui visait à
présenter comment cacher cette réalité
chaotique et incontrôlable, sous une légende qui
pourra donner espoir et cohésion au peuple.
Les gens aujourd’hui n’aiment plus les valeurs de
patriotisme, d’héroïsme, de bravoure qui furent
prônées jusqu’aux années 60. La mode
est à la désillusion. Ce film était extrêmement
bien senti, et de son temps.
Mais sa fin, cette légende pour souder le peuple, on
appelle ça de la propagande… C’est le cycle
arthurien, c’est Stakhanov…
Ce qui m’intéresse, c’est comment TDKR prend
le contrepied, déconstruit brique par brique le film
précédent pour faire un film sur l’espoir,
la croyance. Il faut même croire en la mort, en avoir
peur, alors l’espoir peut revivre. L’espoir se relève
doucement, et redonne sa place au brave héros en culotte
courte, brave, niais, profondément gentil, dévoué…
C’est pour cela que le film se clôt sur Robin, c’est
pour cela que Bruce ne peut pas mourir, au grand dam de nombreux
de mes potes happés par la pensée contemporaine,
blasés de tout. Après un film sur comment cacher
la vérité pour donner la foi, un film sur comment
admettre la vérité en gardant l’espoir.
C’est fort, c’est culotté. Ca va en choquer,
en décevoir plus d’un… Mais c’est un
véritable chef d’œuvre. Après Drive,
je me dis que décidément, les vrais héros
tendent à revenir, et j’en suis ravi !
C’est encore plus fort car ça clôt la trilogie
dans un ton parfait. Dans ce film il y a le liant qui permet
aux trois films de ne faire qu’un. Alors qu’on avait
quelques doutes sur la cohérence entre les deux premiers.
Cette trilogie est donc une merveille. Elle fera date dans l’histoire
du cinéma, elle donne au super héros ses lettres
de noblesses. Plus encore que Burton. Cette trilogie mène
Batman au rang du Parrain.
Je n’ai parlé ici que du message, et de la cohérence
en tant que final d’un triptyque de légende. Il
y a aussi cette manne de références si bien amenées…
En clair, ce film est extrêmement bien écrit, et
divinement filmé. D’ailleurs Kubrick même
serait bluffé par la photographie de TDKR…
Mais ce sont surtout les créateurs de Batman qui seraient
fiers et admiratifs. Le clan Nolan a su respecter chaque personnage
et son histoire propre, sans les déformer trop, mais
en les emmêlant suffisamment pour nous perdre et nous
faire les redécouvrir !
Enfin, une fois de plus, il y a beaucoup de choses tirées
de la série animée, et je ne peux que les en remercier.
Puis il y a ces acteurs…
Commençons par le plus important. Bale est parfait. Certains
se plaignent de ne pas assez voir Batman dans ce film, je pense
qu’on ne l’a jamais autant vu. Il est partout, dans
le moindre regard, dans le moindre rictus. Bale est réellement
double, c’est merveilleux.
Anne Hathaway fait un boulot de dingue. Loin du conte de fée
de Burton, ils ont osé revenir aux sources de ce qu’est
réellement Catwoman… Pas une cinglée. Simplement
une belle femme, sensible et intelligente. Vicieuse et perverse
uniquement sous la contrainte. C’est bien, c’est
épuré.
Puisqu’on est dans les femmes, plions Cotillard dès
à présent. C’est fort dommage qu’il
ait fait appel à elle. Elle est mauvaise. Et sa mort
est pathétique. Mais je suis finalement fan de l’idée
d’avoir glissé le personnage de Talia Al Guhl.
Quant à Bane, je suis fort triste que les gens se permettent
de le comparer à d’autres méchants alors
qu’il est de loin le meilleur qu’on ait jamais vu
! Les gens diront que jamais on ne pourra égaler le Joker
de Heath Ledger, c’est bête, c’est dommage…
On pouvait comparer la performance de ce dernier à celle
de Nicholson. Heath Ledger a eu le cran d’en faire un
nouveau et a bien réussi son coup. Ici Tom Hardy ne partait
de rien, il n’y a pas de comparaison possible, car le
seul Bane qu’on ait vu était dans le pathétique
Batman et Robin de Schumacher, et il était un animal,
un être décérébré.
Les gens aimaient l’imprévisible du Dark Knight,
la surprise permanente. Ici le film est linéaire, Bane
dit dès le début ce qu’il va faire, et on
avance doucement vers la fin.
Pour avoir revu le Dark Knight, la performance de Ledger est
aveuglante, mais son personnage n’est pas le plus intéressant.
C’est Harvey Two-Face qui est réellement fascinant.
Ici Bane est fascinant de la même manière.
Je me suis un peu éloigné avec Bane. Revenons
aux acteurs.
Gordon-Levitt/Robin est encore parfait. Sa niaiserie sous-jacente
est extra.
Quant à Morgan Freeman et Gary Oldman, ils font leur
travail.
Mention spéciale à Michael Caine, qui est époustouflant,
plus encore que dans les autres épisodes. J’ai
même rêvé le premier soir que le film s’arrête
sur son sourire à la terrasse du café florentin,
sans voir Bruce et Selina, sans voir Robin dans la Batcave…
Une conclusion sur Alfred !
Michael Caine est décidément un acteur sensationnel
!
Et enfin, Matthew Modine. Quel bonheur d’abord de le revoir.
Quel bonheur ensuite de le voir camper un personnage passionnant,
profond, extrêmement complexe dans sa demi-lâcheté,
et interprété avec une finesse rare. Il m’a
presque soutiré une larme.
Je suis maintenant convaincu que ce troisième épisode
est le meilleur de la trilogie.
(un petit hic tout de même… Je préférais
quand Gotham était Chicago… Là c’est
parfois trop clairement NY, notamment une vue où l’on
voit le nouveau World Trade Center en construction…)
NOTE : -/20
Charles
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