Harry Potter 4 amorce un tournant dans la série. Souligné
plus explicitement par la nouvelle composition musicale, toujours
impeccable, le monde des sorciers devient plus sombre, les intrigues
secondaires s'effacent et, paradoxalement, le film n'en est
pas forcément meilleur... Pourquoi ? Même si on
oublie les débuts classiques des 3 autres épisodes
(dans la famille d'Harry, un rien comique) et que l'on entre
directement dans le vif du sujet, de façon beaucoup plus
dramatique, plus psychologique, plus centrée sur les
origines de héros, plus sombre, plus axé sur la
maturité sexuel des protagonistes (même Agrid !),
l'intrigue qui noue le corps du récit reste fade : on
sait très bien qui gagnera le tournoi. Bien qu'on reconnaisse
toutes les caractéristiques de l'univers HP (humour bon
enfant, légendes réactualisées -les dragons,
les sirènes, les démons-), même si son lot
de nouvelles recrues fait bonne figure, s'impliquant dans le
récit (moins la journaliste que le nouveau prof), Steve
Kloves, le scénariste, à du mal à s'en
sortir avec ses livres de plus en plus épais, il fait
l'effort louable de joindre les bouts, de ne rien oublier d'essentiel,
de ne pas bâcler ses scènes et de faire passer
l'émotion qui doit être dans le livre (je ne l'ai
pas lu !), mais tout n'est pas parfait : les scènes sentent
un peu le résumé, elles vont à l'essentiel,
s'enchainent bien autour d'un fil rouge mais manque d'un je-ne-sais-quoi,
d'une émotion (la mort), d'une force (le combat final)
que l'on a du mal à trouver sans se forcer, sans imaginer
de quoi il en retourne et, quelque part, sans sortir un peu
du film. Rien de grave puisque cet épisode va à
100 à l'heure, les effets spéciaux sont très
soignés, comme d'habitude, l'univers est toujours aussi
évocateur, l'histoire excitante et l'on suit sans peine,
même si tout n'est pas dit, tout ne passe pas. C'est un
condensé, mais excellent condensé, avec son lot
de grandes scènes. Ne faudrait-il pas rallonger un peu
le métrage ?
NOTE : 15-16 / 20