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INTERVIEW de Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thevenin, réalisateurs de Humains
(BLOG OFFICIEL):

"Bonjour à tout deux. Présentez-vous un peu : qu'avez-vous fait avant Humains ?

(Jacques Olivier Molon) : Bonjour et merci de nous recevoir sur votre site. Tout comme Pierre Olivier, je viens des effets spéciaux de maquillage. Je suis passionné depuis l'âge de 18 ans et cela fait 10 ans que je travaille dans ce domaine professionnellement sur des films comme « Bloody Mallory », « Brocéliande », « Arsène Lupin », et plus récemment sur « A l'intérieur », des pubs, des clips, des spectacles...tout ce qui pouvait avoir recours à des masques ou des prothèses. J'ai bossé pour des ateliers comme Les Versaillais ou l'atelier de Jean Christophe Spadaccini, Denis Gastou et Pascal Molina. Je suis et resterai toujours un mordu des SFX !

Quel est le pitch de Humains ?

JOM : Partis pour une expédition, des scientifiques croisent sur leurs routes des touristes égarés. Ils vont vivre un terrible accident qui va les propulser dans un milieu hostile en pleine montagnes suisses où ils devront survivre et faire face à un danger mystérieux...

J'ai vu le petit docu vidéo que vous avez diffusé sur internet : je me trompe où votre film possède une ambition de ouf ? L'idée a l'air à la fois profonde et totalement étrange, voire inédite ?

JOM : On pense en effet que l'idée de base est originale. Elle demandait pas mal de moyen pour la mettre en oeuvre : cascades, décors naturels, effets spéciaux, etc. Le genre même du film d'aventure en France est assez novateur. Bien que dans les années 50/60, il y avait pas mal de films d'aventure surtout de cape et d'épée, la production sous l'influence de « La Nouvelle Vague » s'est tournée vers des films d'auteurs plus intimistes délaissant les grands studios et ce genre de grosses productions. Il s'agit donc d'un type de film nouveau qui brasse un large public. L'idée de se servir d'un folklore locale à base de monstres et d'y associer une théorie scientifique sur la filiation de l'être humain est forte et novatrice. En cela, elle suit aussi la vague des docus-fictions comme « L'Odyssée de l'Espèce ». Mais transposée à notre époque, cela devient excitant et jamais vu !

Comment classeriez-vous votre film ? Fantastique ? Epouvante ? Thriller ? Autre ?

JOM : Il s'agit d'un film d'aventure fantastique. Il est à la fois proche et éloigné du genre. « Proche » dans l'utilisation des codes du genre (Le survival) et « éloigné » car plus recentré sur l'action et l'aventure.

Vous pouvez nous parler des "Tchagattas" ???

JOM : C'est un carnaval authentique d'origine moyenâgeuse qui se déroule en hiver dans la vallée du Lotschentäl. Les hommes se déguisent en monstres à l'aide de masques en bois et d'un costume en poils de bêtes. Les masques sont terribles, certains ressemblent à des pochettes de disques d'Iron Maiden. Ils traversent les villages à pied avec des cloches de vaches très bruyantes et s'en prennent au public.

Le titre de votre film, Humains, n'est-il pas un pied de nez au genre lui-même et à tout ces zombies, mutants, fantômes, goules et autres monstres ?

JOM : Ce qui est sûr, c'est qu'on a pas voulu faire un film gore ou hardcore même si j'aime aussi ce genre de films. Le titre « Humains » c'est surtout l'histoire de l'être humain qui n'arrête pas de se détruire lui même, ou les autres. Que se passe-t'il quand un groupe d'humains rencontre un autre groupe d'humains qu'il ne connaît pas ? c'est souvent le début d'un drame et souvent pire !

L. deutsch, S. Forestier... comment on fait pour convaincre des acteurs qui ne sont pas habitués à ce genre de films ?

JOM : Ce choix peut sembler étrange au premier abord. Mais après les avoir rencontré, on a tout de suite vu qu'ils étaient trés motivés et qu'ils étaient aussi intéressés par ce genre de films souvent rare en france. Donc, on a pas eu trop à batailler pour les convaincre, ils étaient déjà partants. C'est aussi comme un jeu d'enfant pour un acteur de se retrouver dans la peau d'un aventurier ou d'une aventurière : courir dans la forêt, se battre contre des créatures, se retrouver dans un torrent, au bord d'un gouffre... cela permet d'explorer une nouvelle gamme d'émotions et une nouvelle représentation vis à vis du public. C'était pour eux, ajouter un nouveau personnage à leurs palettes.

J'enrage de ne pas voir des films de genre, fantastique, français dépasser la barre des 100 000 entrées (Martyrs est pourtant une merveille...) : comment vendriez-vous le votre pour attirer les spectateurs peu réceptifs à ce type de film ? Quelle est l'originalité de ce film ?

JOM : Hélas, le genre est encore trop méprisé en France. Pour ce qui est de notre film, notre position est différente puisque c'est un pur divertissement qui s'adresse à un public élargi. On peut voir le film dès l'age de 10 ans sans problème. On l'a d'ailleurs pensé de cette façon pour ne pas brider un public jeune qui s'intéresse à la préhistoire. Son originalité réside dans son concept : croiser aventures et théories scientifiques. Le spectateur vient dans la salle et c'est parti pour une heure trente de dépaysements et d'action.

C'est moi où on voit rarement les auteurs de films de genre sur les plateaux TV ? Vous avez des projets de ce côté-ci avant la sortie du film ?

JOM : Il y a des émissions sur le câble qui sont plus spécifiques. Mais qui sait, peut-être que cela touchera un jour le grand public et que nous verrons des réalisateurs de films fantastiques au JT de 20 h !? Pour l'instant, on s'occupe beaucoup de la tournée province pour le film.

Une idée du nombre de copies alloué à votre film ?

JOM : Je crois savoir qu'il y'aura au moins une copie dans chaque ville de France et parfois plusieurs pour les plus grosses qui ont un large réseau d'exploitants. (le distributeur vient d'annoncer environ 250 copies. NDLR)

Etes-vous accros aux chiffres du box-office concernant vos films ou est-ce seulement une affaire de producteur ?

JOM : Pour ma part je serai attentif aux chiffres et j'espère que l'on saura gagner l'estime du public et sa satisfaction, ce qui est le plus important à mes yeux.

Par manque de succès en salles, ne croyiez-vous pas que le film de genre français sera tôt ou tard condamné par les producteurs ?

JOM : Il ne faut pas se décourager, il ne faut pas oublier que "Le Pacte des Loups" de Christophe Gans a fait plusieurs millions d'entrées (5,179 millions NDLR). Et je pense aussi qu'il faut élargir le genre pour le rendre plus accessible au grand public. Les films interdits aux moins de 16 ans ont du mal à toucher le grand public, il faut diversifier les productions vers le fantastique plus traditionnel comme "La Belle et La bête" de Cocteau, ou la science-fiction ou encore l'action. C'est ce que nous avons essayé de faire avec "Humains".

Faut-il que tout les auteurs de films de genre français partent aux USA pour que les producteurs se rendent compte de leurs talents ?

JOM : Cela les fera peut-être réagir. Mais des gens comme Eric Valette ("Maléfique","One Missed Call" le remake) ou Florient Emilio Siri ("Nid de Guêpes") partent aux USA tourner des films puis reviennent en France.

Vos références en matière de cinéma ? Quels sont les films récents qui vous ont émerveillés, effrayés voir rendus jaloux ?

JOM : "Gran Torino", Clint Eastwood est magistral à tous les points de vue. Sinon je suis un fan boy classique de gens comme William Friedkin, John Carpenter, Sam Raimi, Brian de Palma,etc. Des films comme "L'exorciste", "Alien", "Hitcher" ou "Evil Dead" ont bercé mon enfance et mon adolescence. J'aime aussi Frank Darabont. Son "The Mist" est incroyable et j'aurais aimé réaliser un film aussi fort et poignant que "Les Evadés".

Sinon : des projets ?

JOM : Pour l'instant c'est encore un peu tôt mais on écrit déjà des choses. Et puis j'ai un peu retâté des SFX à la fin du film. Je ne peux
pas m'empêcher de me tremper les doigts dans le latex !

Merci à vous et bonne chance : on vous suivra de très près"

Merci beaucoup et bravo pour vos questions très pertinentes.