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Martyrs
Budget = 3,4 M€
BOX OFFICE France = 423 / 5 583 - 38 000 - 91 000 entrées
BOX OFFICE USA = - M$
BOX OFFICE Monde = 1,1 M$
 

La fabrique de martyrs : Dieu es-tu là ?
Avouez que la réalisation en forme de couperet vous a coupé le souffle et participe de beaucoup à l'ambiance décalée et complètement nauséeuse du film : Laugier s'avère être un metteur en scène chirurgical, collant à ses actrices au plus près, doublé par un montage au scalpel et un scénario qui vous prend à revers, loin des affres du cinéma horrifique lambda ou du psychokiller sans ambition. Et sa violence n'est absolument jamais retenue.
Débutons par les références : le film commence là où La dernière maison sur la gauche se termine, d'ailleurs on retrouve un thème cher à ce même Craven (Le sous-sol de la peur) et à son côté "craspec" de la première heure. Visuellement l'oeuvre est cependant plus léchée, plus froide, plus pâle, extrêmement délavée et bien plus maîtrisée : on pense plutôt à Cronenberg... Mais Martyrs va beaucoup, beaucoup plus loin que les films sus-cités. Il est divisé deux parties vraiment distinctes, un récit à la brisure nette qui n'a rien de classique et surprendra le spectateur à n'en point douter.
La première partie disserte sur le thème du survival et du revenge movie des années 70, narant un trauma extrême et intense, j'oserais même dire "personnifié", comme le fit d'une certaine façon Cronenberg dans Chromosome 3 : car ici le monstre est bien humain -ou l'était - et il représente le cauchemar de cette triste héroïne, sa mauvaise conscience. La seconde partie peut sembler moins réussie de prime abord, car plus répétitive, parfois trop poussive et démonstrative, manquant d'intensité dramatique, cependant elle va révéler la véritable nature de cette oeuvre qui, finalement échappe à toutes références. A la fois lourd, fabuleusement dément et d'autant plus inhumain, le film expose un univers secret infâme, de ceux qui nous donnent naturellement des frissons d'effroi, un univers qui éloigne soudainement toute la prétendue gratuité du film et dont l'idée dépasse merveilleusement la raison et justifie sans doute quelques longueurs. C'est même un hommage aux torture porns mais, encore une fois, demeure tellement plus abouti.
L'auteur nous fait donc découvrir les fondations de son oeuvre : l'homme à la recherche d'une existence après la mort, à la recherche de Dieu, à la recherche scientifique de ce qu'il n'a pas le droit de connaître, de réponses auxquelles il ne peut avoir accès (le suicide final me semble clair...), l'homme exploitant l'homme, non plus pour la recherche médicale, mais dans le but d'une quête spirituelle (?) vaine, comme un vulgaire rat de laboratoire ; les richards qui paient pour financer ce projet abject ne cherchent-ils finalement pas qu'un simple "oui" ou "non", pour ensuite tourner les talons et trouver d'autres quêtes, ailleurs ?
Une ambiance abyssale qui ne peut que vous donner envie de réfléchir : pour un film d'horreur, c'est assez rare, non ? Car il passe entre les genres, innove, invente une mythologie pour toujours nous surprendre et finit par déboucher sur une dernière partie loin de la condescendance dont on l'a affublé, mais plutôt à tendance horrifico-mystique, allant bien au-delà de son côté malsain, gore ou effrayant. Ambitieux.
Martyrs vous met dans un état de tension constant, de malaise persistant, il reste d'une intensité rare, sauvage au plus haut point, terriblement cruel, complètement enragé et totalement pervers envers ses personnages. Abominablement démentielle et puissamment intelligent, dommage que quelques imperfections (rythme, dramaturgie) laissent des traces...

NOTE : 15-16 / 20

 

La critique des internautes
 




NOTE : - / 20

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