Ce vieux rêve récurrent d'enfermement face à
l'adversité, prend forme avec The mist..
Une tempête, une brume impénétrable, étrange
et quelque peu envahissante, un supermarché ; des quidams
prisonniers.
Le film de F. Darabont n'a de The
fog, aussi bon soit-il, que les attributs. Si l'on
retrouve des liens inévitables entre les deux oeuvres,
The mist s'appuie de tout son poids sur l'épaisseur
de ces personnages lorsque ceux-ci font face à ce drame
hors du commun. Et ces personnages resteront au centre du métrage
: l'intrigue sera très vite dévoilée, au
moment où le "monstre" apparaît (d'abominables
FX numériques ; les autres effets seront bien mieux intégrés)
même si son développement laissera quelques surprises,
purement visuelles à mon sens ; en tous les cas le traitement
restera original de bout en bout. Sa tournure définitivement
réaliste, cette confrontation entre une situation improbable
et notre réalité -situation qui trouvera de multiples
réponses-, la douleur palpable des personnages, leur
gestion très terre à terre du problème
et une réflexion sur l'espèce humaine qui approfondie
l'oeuvre toute entière. Notamment la réflexion
autour ces prédicateurs de tous bords prospérant
sur la misère, la fragilité et la crédulité
humaine, terreau de leurs divagations.
On peut alors se poser des questions sur un bestiaire trop exposé
et même carrément farfelu, ainsi que d'autres interrogations
multiples (un M.P. non-armé ?) mais les explications
à peine éfleurées donnent toute leur saveur
à ce récit. Et la terrible fin -terriblement humaine-
rejettera sans concession toutes formes de classicisme utilisé
à outrance dans ce type de film. Peut-être que
The mist aurait gagné à être
plus sobre, ou plutôt à garder un peu de ce suspens
: mais c'est tout de même un film de monstres, hommage
aux séries B d'antan, cette fois fondamentalement recentrée
sur le genre humain, où des caractères s'affirment
dans l'adversité. Devenant ainsi une formidable fable
sur le renfermement et ses conséquences désastreuses,
pires, sans nul doute, que celles qui ont contraint tout un
groupe d'hommes et de femmes à se cloisonner.
D'ailleurs Darabont sait capter à merveille l'anxiété
ambiante dans le simple regard de ses nombreux protagonistes,
simplement en mettant le focus tour à tour sur chacun
d'entre eux. Eloquent.
NOTE : 15-16 / 20