N’importe quel cinéaste franchouillard aurait
fait un film historique aussi fastueux que soporifique : Gans
en a fait un film de monstre. Mais pas seulement !
C’est avant tout une série B assumée : certains
traits de caractère des personnages le prouvent, certaines
situations empruntées et le mélange de genre aussi.
Car ce Pacte des loups est par dessus tout
un film d'action (avec une pointe de kung fu) mêlé
au film historique puisque basé sur une histoire locale
qui a fait travailler les imaginaires, et les fait encore travailler.
Il s'appuie sur un scénario touffu et intelligemment
écrit, plein de rebondissements qui ne cessent de surprendre
et nous permettent de nous fondre au film, à son atmosphère
envoûtante. Mais il est tout autant teinté de fantastique
: film de monstre formidablement intelligent qui, dans une première
moitié, joue à merveille sur le hors champ, les
dires plus que sur une vision frontale de la menace. Avant de
se lancer à corps perdu dans une théorie dont
chaque spectateur restera juge. Personnellement je m'y suis
engouffrer avec plaisir.
Ce qui saute également aux yeux c'est le découpage
extrordinaire des scènes, chirurgicale, extrêmement
expressif, qui le rapproche grandement d'un comics (autre référence).
Mais c’est également un film picturalement magnifique
où Gans ne fait pas que s’appuyer sur sa photo
exceptionnelle, ses décors puissants (les villages d’alors,
les forêts lugubres, la pluie ou la neige…), ses
effets (le sang est omniprésent… mais la bête
est techniquement imparfaite), sa musique impeccable ; Gans
est en fait un grand réalisateur avec un regard et une
griffe toute personnelle. Le pacte des loups
est visuellement éblouissant, véritable film d'atmosphère,
auquel la musique n'est pas étrangère.
NOTE : 15-16 / 20