Quand les X-men viennent concurrencer le Terminator... Voici
une petite perle, pas loin d'une certaine forme de perfection
tant l'oeuvre est solide sur ses assises, que ce soit devant
ou derrière la caméra. Et je voudrais ici à
la fois saluer et louer le retour du fils prodigue, du créateur
de la saga d'origine, car il n'y a qu'une toute petite poignée
de réalisateur dasn le monde qui soit capable de faire
un film d'action trépidant où les combats sont
d'une telle clarté, ne laissant jamais sur la touche
le spectateur, l'invitant presque à y participer et nous
faisant sublimement oublier les amateurs modernes du montage
staccato ; d'autant plus que le monsieur filme les scènes
plus posées en se souvenant qu'il est un véritable
auteur et que sa caméra a des choses à nous raconter.
Ceci dit, j'ai presque envie de dire que le film n'a pas de
défaut : le montage est somptueusement fluide, l'oeuvre
est très directe, simple (les mutants meurent dans le
futur, alors il suffit de changer le passé pour y remédier)
et on sait très bien comment tout ceci se finira, et
pourtant il n'y a rien pour nous faire tiquer, nous gêner.
Les FX sont prodigieux mais ne bouffent jamais le film : ils
sont essentiellement "présent" dans les scènes
futuristes. Ces X-men vont plutôt être tournés
du côté de la psychologie, et qui dit "psychologie",
dit "personnages". Et ils sont la clé de voute
du scénario : multiples, certe, mais toujours très
équilibrés en temps de présence / utilité
à l'avancement de la trame, fortement aidés d'acteurs
aussi variés qu'investit. Mystique devient le personnage
central, dévoilant toute l'ambiguité qu'on lui
connaît dans les comics, Xavier nous surprend de par sa
faiblesse, Wolverine est immuable mais secoué par une
mission plus diplomatique que combative, la dualité de
Magneto est magnifié par l'exceptionnelle -et je pèse
mes mots- mise en parallèle final, montage adéquat
aidant, entre le futur et le passé ; toute la complexité
de ce méchant hors norme explose à notre visage,
toute sa tragédie et le destin du monde prennent alors
tout leur sens. Car c'est, forcément, de destin qu'il
est question : celui que l'on maitrise, que l'on gouverne, que
l'on assume tout comme on assume les conséquences de
ses propres actes. Le film s'imbrique alors à la perfection
dans le grand puzzle "X-men", prolongeant, complètant
et épaississsant la mythologie et surtout ses racines,
refaisant l'Histoire, tissant une formidable trame où
tout se croise sans ne jamais s'emmêler... presque à
l'infini dans le mesure où l'ellipse temporelle tant
appréciée des scénaristes permet d'envisager
des licences quasiment éternelles : enfin, seulement
lorsqu'elles sont bien ficelées. Pour en revenir au source
de la mytholgie, n'oublions pas que les extraordinaires Sentinelles
deviennent la symbolique d'un monde au racisme latent, celui
où de fausses races réclament la suprématie
de la planète et l'anéantissement de ceux qui
soit-disant les menacent, où au fil des âges les
bouc-émissaires varient, parfois les anciens dominants
devenant les dominés : la menace mutante devient la menace
robotique... créée par l'homme, celui qui haïssait
ces mêmes mutants ; et on en revient même à
un long débat science-fictionnel remontant à Asimov.
Un film redoutable d'efficacité jusqu'en sa dernière
scène (pas celle post-générique annonçant
le bad guy que l'on savait), mais celle où Stryker n'est
peut-être pas celui que l'on croit... Brillant.
NOTE : 15-16 / 20