Donner un bon coup de booster plutôt que réinventer
un genre.
Ce film est la preuve évidente que les super-héros
ont encore de beaux jours devant eux, puisqu'ils savent (leurs
scénaristes) ne pas se répéter inlassablement.
Après un générique des plus surprenants,
un peu lourd mais jouant sur la corde de l'auto-critique, Deadpool
va limer les codes inhérents aux films de super-héros
: soulignant les structures et prouvant que l'oeuvre est consciente
des limites du genre qu'il sert, se permettant absolument tout
ce que les autres héros refusent de faire, dans un but
évident : rameuter le plus jeune public, celui qui grandira
avec eux et surtout celui qui reste très friand des produits
dérivés !
De là à dire que l'approche
de cette oeuvre est intelligente, il n'y a qu'un pas : on n'évitera
pas la violence (Ghost rider, voir le Punisher, peuvent aller
se rhabiller), le gore assumé, les punchlines à
la mitraillette et complètement réussies (Tony
Stark va être jaloux), la grossierté (Steve Rogers
en a rougi), des clins d'oeil à foison au cinéma
en tout genre (mon préféré restera 127
heures !) et plus particulièrement aux X-men et une complicité
avec le public qui prouve à la fois la conscience du
film et son côté définitivement désinvolte.
Et la force du film est là : j'ai mouillé mon
caleçon à force de rire aux éclats et je
crois que je ne m'étais pas autant boyauté depuis
Very bad trip, premier du nom. Parfait anti-héros
qui possède ses propres originalités (c'est le
méchant qui est responsable de son état, d'où
un lien étrange qui se noue avec lui), loin d'être
étouffé par la multiplication des références,
parfaitement intégrées dans le récit, et
se permettant même d'être un "origin movie"
original puisque se déclinant en flashbacks.
Il en fait
trop ? Mais c'est exactement ce que l'on attendait de lui. Ses
limites ? Sur le fond ça reste une lutte simplette entre
lui et le méchant, sans intrigue aucune, les héros
secondaires restent des faire-valoir. La réalisation
n'a rien de géniale mais elle participe à dynamiter
l'ensemble et surprend même par son étonnante maîtrise
(Miller n'a fait que des court-métrages). Mais le regard
extérieur sur le genre, jusqu'aux très attendues
scènes post-génériques, apporte une réflexion
sur l'industrie qui crée ses héros par dizaines,
sur des trames similaires (le film aurait pu pousser le bouchon
plus loin sur l'intrigue) ; Deadpool révèle
au grand jour un R. Reynolds qui ne m'avait encore que rarement
convaincu (seulement dans Captives,
en fait).
Mais en mettant à jour les défauts d'un
genre, ce film signe-t-il, finalement, la fin des super-héros
tel qu'on les connait ou plutôt leur renaissance ??? Vu
le succès...
NOTE : 15-16 / 20