Une étoile est déchue.
Elizabeth Sparkle était une star à Hollywood, elle a même son étoile sur le Boulevard, mais à 60 ans, même la télévision ne veut plus d'elle. Alors... Une très mystérieuse substance pourrait grandement améliorer sa vie.
Les films osant aborder ce sujet moins délicat que glamour sont on ne peut plus rares : vieillir dans le star system hollywoodien. Ajoutez un incroyable parfum de mystère et de nouveauté, une atmosphère palpable et enveloppante, et on peut dire que The substance est d'emblée sur de bonnes rails ; et le restera. C. Fargeat allume Hollywood et le machisme ambiant, autant que de l'image de la femme et le culte du jeunisme, à l'aide d'une métaphore vivace et éclatante, captivante et crade, réfléchie et jusqu'auboutiste. Une lecture intéressante et intelligente du mythe de Faust, appliqué à la beauté féminine, doublé d'une réflexion sur le Moi qui nous habite : l'enveloppe ne fait ni le corps, ni l'âme, elle n'est qu'un miroir déformant de notre propre réalité.
Le scénario possède cependant ses défauts -qui n'en sont pas forcément par ailleurs- : tout est un peu vite accepté par l'étoile déchue, malgré sa détresse, tout est trop vite acquis, son évolution semble trop facilement vouée à voir le portrait vieillir à la place du "corps" ; mais le film avait besoin de rythme. Le final est complètement grandguignolesque (mais carrément assumé), presque en décalage avec la finesse du scénario : une apocalypse compréhensible, exutoire sans doute, mais quand même un peu too much. Pourtant le résultat n'a de cesse d'être excitant et abominable, d'une violence phénoménale, à l'image de celle que s'impose, et impose à leur corps, nombre de célébrités afin se rendre faussement jeunes, ne trompant que leur miroir pour un résultat communément hideux et ridicule ; quand la beauté se fait monstrueuse.
Aidé d'une mise en scène incisive, inventive et charnelle, fraîche et d'une grande audace visuelle, une mise en image dont le cinéma de genre avait besoin, The substance s'avère clinique et onirique, et on y retrouve beaucoup, mais alors beaucoup de David Cronenberg : la thématique du corps comme réceptacle, avec le même concept de départ que Chromosome 3 ; de même que certaines séquences font énormément penser à La mouche -la transformation-, à Crash -les cicatrices-, à Faux semblant -la gémélité- ou encore à Existenz -la réalité déformée, le repas : et ça peut agacer à la longue. Demi Moore s'empare de son personnage, difficile s'il en est, avec une maestria et une audace umbelievable.
The substance ou ce que le cinéma horrifique français a fait de mieux depuis longtemps, effaçant jusqu'à l'opprobe de Titane.