Scream débute par une scène
hautement culte : référencielle et cinéphilique,
grinçante, formellement maîtrisée, intelligemment
et "sérieusement" parodique, jouant autant
avec le spectateur qu'avec le genre, se riant des stéréotypes
-jusqu'aux personnages (le tueur masqué, les étudiants
fêtards, le flic pas très fin, l'insupportable
journaliste)-, offrant un recul idéal aux amateurs de
slasher. Le film ne s'arrête jamais aux simples clins
d'oeil vains, il décortique la mécanique horrifique.
Et gore. En le revoyant, je me demande même si ce fameux
(petit) ventre mou au milieu du film n'est pas un hommage déguisé
à cette caractéristique occupant nombre de films
de genre ?!?
Scream est d'ailleurs doté d'une intrigue
très conceptualisée qui n'oublie jamais d'être
une mise en abîme du genre horrifique, avec en ligne de
mire l'oeuvre matricielle : Halloween.
Précis, élaboré, tendu et croustillant
à souhait. K. Williamson réinventait littéralement
un genre, créant un variant, terrifiant, aux dialogues
absolument, divinement lourds de sens, décortiquant un
univers diégétique avec une précision et
un raffinement de chirurgien plastique ; nous n'allions désormais
plus regarder les slasher / giallo / whodunit de la même
façon !
Car Scream est non seulement une étude
de genre à la grande finesse d'écriture, avenante,
mais également une étude scénique détaillée
: chaque séquence est un petit bonheur de cinéma,
un délice cinématographique rare. Il prend à
contre-pied les films d’horreur du répertoire classique
en les enrobant de réflexion, se rapprochant idéalement
d'un bon petit B movie, n'oubliant jamais de rendre hommage
à la génération 80’s de l’horreur
cheap, se grimant en petit chef-d'oeuvre d'autodérision.
Jusqu'en son final à la Petit meurtre entre amis.
Le film va même bien au-delà en amorçant
une analyse sur la soit-disant influence des fictions horrifiques
dans l'avènement de certains faits divers ; démonstration
avec force de violence !
Et tout cela sans omettre que Scream est parfaitement
porté par le spécialiste Craven, inspiré
et d'une élégance comme il n'avait pas coutume
de nous le montrer ; et par l'extraordinaire musique de M. Beltrami.
NOTE : 15-16 / 20