Quelques notes de musique et votre gorge se sert. Puissance
inégalée.
Le scénario reste à mon sens le talon d'Achille
de ce film cependant exceptionnel et historique à bien
des points de vue (il définit les règles du slasher).
Son écriture est un rien brut de décoffrage, le
film a beaucoup vieillit dans ses effets : il va souvent vite
en besogne (l'évasion de l'hôpital), possèdant
quelques failles (le rôle du docteur Loomis est franchement
chiche, simple trait-d'union entre les personnages) ; de plus
Carpenter n'utilise pas toujours sa fabuleuse musique à
bon escient, en abusant parfois inutilement. Et pourtant l'intrigue
va nous tenir réellement en haleine, et c'est en partie
d'elle que le film tire toute la puissance : pourquoi Myers
s'en prend il a cette jeune femme ? Qui est-elle pour lui ?
Ces meurtres sont-ils le fait d'une abominable loi du hasard
?
Plus globalement le scénario développe le thème
du monstre, ici portant le visage d'un homme : toute la froideur
d'un être "sans âme ni conscience", toute
la puissance quasi surnaturelle d'un monstre, proprement indestructible
et -point essentiel- à la folie judicieusement inexpliquée
(bien que les crimes soient toutes liées par une thématique
: le sexe / la nudité). Il y a enfin son silence respiratoire,
terriblement évocateur.
Second point qui ne laisse aucun doute quant à sa qualité
: la réalisation intense du maestro, avec un vrai regard
sur son histoire. Une caméra à l'épaule,
beaucoup de suggestivité et l'art sublime de mettre sa
caméra au centre de la scène, là où
l'on ne voudrait pas quel soit ; bien aidé de cadrages
parfaitement serrés, devenant un pur et véritable
thriller embrassant le point de vue du tueur. Sans oublier ce
montage en plan de séparation devenus typique. Inspiré
du giallo italien, l'oeuvre posent des jalons dont beaucoup
s'inspireront par la suite.
NOTE : 13-14 / 20