Un alien avec un cerveau. En prenant exactement le même
angle d'approche que pour son Alien
originel, Scott prenait le risque des comparaisons et des critiques
face à une entreprise qui avait tout de "commerciale"
; mais que les films coûtent 5 ou 250 millions de dollars,
ils font tous partie de l'industrie du cinéma... Alors
effectivement : on repart dans l'espace avec un vaisseau, un
équipage, un androïde et une mystérieuse
mission, et ce après une introduction qui aurait mérité
un vrai développement, non pas par rapport à l'intrigue,
mais bien par rapport aux personnages dont la plupart ne serviront
que de faire-valoir au scénario faute de nous être
mieux présentés. Mais là ou le réalisateur
est brillant c'est bel et bien dans le fait qu'il ne nous propose
en rien un nouvel épisode : il reprend le décor
et va nous emmener tout ailleurs, rattachant les deux films
sans autres conséquences. Plus science-fictionnel que
véritablement horrifique, même si l'auteur se plait
à quelques disgressions, Prometheus reste de la SF réaliste,
profonde, sombre et presque dépressive : il s'en dégage
une intense réflexion sur l'humanité (son pouvoir
de créer et de détruire) et sur Dieu ("il
n'y a rien après"... ou peut-être mais il
va falloir aller chercher encore plus loin), sur notre place
dans l'univers, le film se présentant même comme
une espèce d'excuse sinique à nos exactions et
à notre bétise guerrière. Il s'en dégage
une oeuvre totalement indépendante de la célèbre
saga, une espèce de spin off réfléchit
qui explore une voie, presque un genre, différent, sans
ne jamais être racoleur. Le film n'est pas exempt de défaut
: Scott soignait mieux son atmosphère dans l'original,
prenait son temps (une autre époque...), sa réalisation,
si elle reste très inspirée, est beaucoup moins
fine et pensée. Le scénario est réellement
savoureux avec ses sous-intrigues, ses personnages ambigus,
ses retournements de situation, ses thématiques variées
et passionnantes, si bien que le film emporte facilement l'adhésion,
celle de fantasticophiles qui pensaient avoir perdu de vue depuis
de trop longues années ce genre de film qui ose prétendre
que ces mêmes spectateurs sont des créatures intelligentes.
Je pense qu'il lui faudrait un director's cut de 30 bonnes minutes...
NOTE : 15-16 / 20