Un film pour expliquer et rétablir la vérité
: le capitaine George Taylor était à moitié
dans le vrai lorsqu'il affirmait "qu'ils avaient fait sauté
leurs bombes".
Et ce ne sera pas le seul lien étroit
et intelligent avec la fameuse série originelle ; les
plus observateurs d'entre vous auront remarqué les clins
d'oeil qui y font directement allusion et référence
(Taylor / C. Heston se préparant au 1er voyage habité
vers Mars, l'annonce de la perte de leur vaisseau).
Cette oeuvre
est avant tout réflexive, sur la soit-disant toute puissance
de l'espèce humaine et sa propension à disposer
des richesses de la nature, notamment des autres espèces.
On y évoque le statut des animaux, la condition animale
; mais l'intéret du film est véritablement ailleurs
: ceci n'est que le point de départ d'une révolte
beaucoup plus profonde. Il est justement surprenant d'y apprendre
que la chute de l'humanité ne vient pas de leur façon
de s'entretuer où d'apprendre à le faire (les
bombes) mais exactement du contraire, de leur science omnipotente,
avant tout destinée à la faire vivre, et d'elle
seule ; véritable ironie du sort, si j'ose dire, un seul
savant est la cause du plus grand drame de l'histoire et il
n'est pas l'un de ces savants fous du cinéma classique.
Non, c'est un homme profondément bon, un savant d'un
genre nouveau, avec des scrupules, qui est devenu chercheur
afin de sauver son père ainsi que tous les malades d'Alzeimher.
Ce n'est pas un être abject qui va créer un monstre
pour le simple plaisir de défier Dieu, mais c'est pourtant
lui qui va précipiter l'homme à l'état
primaire, dans tous les sens du terme ; c'est en cherchant le
bien qu'il va faire le "mal", où plutôt
donner une leçon dramatique et inattendue à son
espèce. Il va engendrer une nouvelle race en la faisant
évoluer artificiellement et inconsciemment, changeant
des statuts qui semblaient immuables, ceux de dominants et de
dominés. Le dominé évolue, découvrant
sa force et sa liberté, sa triste condition et se rendant
compte que les lois humaines ne lui sont plus adaptées,
va organiser une révolte : l'homme va voir des siècles
de supériorité choir, des siècles et des
siècles où ce dominant utilisait les animaux,
ses inférieurs, afin d'assurer sa propre survie (nourriture,
expériences...etc). La scène où un homme
se retrouve en cage est un symbole très, très
fort.
Avec un peu de recul on se rencontre que l'histoire, le
fond scénaristique et les thèmes développés
son profondément originaux et inhabituels au cinéma,
même mis en exergüe avec le film originel car ils
sont vus de façon complètement novatrice et différente,
d'un autre point de vue cette fois. Cette originalité
se retrouvera avec cette fin complètement ouverte, ou
plutôt franchement inachevée (et un clin d'oeil
à New York !), même si derrière on y reconnaitra
une logique commerciale imparable. Le film possède également
SA scène inoubliable (Cf. la découverte de la
Statue de la Liberté) : la scène du "Non"
restera à jamais graver dans la mémoire des cinéphiles.
Le scénario va très vite, peut-être trop
vite, pourtant il ne manque rien, ni dans l'intrigue ni dans
le développement des personnages, rien n'est laissé
au hasard. Mais si tout n'était que question de scénario
!
La musique, plutôt tribale au début du film,
plonge et nous fait également plonger au moment du basculement,
devenant "primale" et engendrant un vraie peur, profonde.
La réalisation de ce presque novice est vraiment excellente,
subtile et ne faiblit jamais. Les effets spéciaux ? J'émettrais
une simple réserve concernant la numérisation
visible des singes lors de leurs mouvements rapides ; pour le
reste j'ai eu l'impression de vivre à nouveau ce qui
était arriver en 1993 avec Jurassik
Parc : une révolution en profondeur des effets numériques
à la fois dans leur perfection (les visages sont en tout
point "vivants") et dans leur approche au moment du
tournage (de la performance capture tournée en direct
sur les lieux de tournage). Une simple réflexion : Andy
Serkis n'apparait pas en tête du générique
de fin et j'ose espérer qu'une telle injustice sera réparée
lors de la remise des Oscar....
Dans ce film l'émotion
nous provient essentiellement des singes et vous l'avez compris
: ce préquel est une merveille où j'ai pris un
malin plaisir à voir l'espèce humaine se faire
botter le c*l et toute l'arrogance de cette race dite "supérieure"
enfin réduite à néant ; car on le comprend
bien à la fin : il n'y a pas de place pour deux espèces
dominantes sur cette planète (reliser votre "préhistoire"
notamment celle des Néanderthals et des Cromagnons).
NOTE : 17-18 / 20