L'homme qui murmurait à l'oreille des raptors ???? Non
: Les dents de la mer... ou presque.
Petite piqûre de rappel afin de comprendre une partie
de ce qui m'a empêché d'adhérer à
ce film : si je devais trouver un défaut majeur à
la saga "Jurassic Park" ce serait sans doute son penchant
pour le spectaculaire qui l'emporte aisément sur toute
réflexion (je sais, ce n'est pas le but, mais les enjeux
scientifiques sont là, mais toujours laissés en
toile de fond). Et cet épisode n'échappe pas à
la règle ; il est avant tout un spectacle, hautement
ébouriffant lorsque les divers dinos rentrent en scène
(une préférence pour le Mésosaure plus
que pour le "super T-Rex"), il est un rêve devenu
réalité : celui du fameux "resort" que
l'on nous promet depuis bientôt un quart de siècle,
un véritable Marineland préhistorique qui prend
enfin vie devant nos yeux ébahis et notre imaginaire
superbement carressé dans le sens du poil.
Les toutes premières scènes sont un vrai bonheur.
Hélas, tout semble s'arréter là, à
un simple concept, ignorant tristement que génie technologique
et génie artistique sont deux domaines différents,
bien que complémentaires ; et que le cinéma est
avant tout un art. Et dans ce cas précis ce n'est pas
l'art du scénario qui étouffe ses quatre co-auteurs
: premièrement tout est contenu dans le 1er trailer du
film, notre imagination comblant avec une aisance confondante
les blancs laissés entre les divers extraits, ce qui
déjà est d'un ennui profond pour le spectateur
un tant soit peu aguerri.
Secondement, et ce malgré une écriture typique
où dans une 1ère partie on dialogue beaucoup,
on présente les personnages avant de passer à
l'action, lesdits personnages sont écoeurants d'un classicisme
consensuel. C. Pratt est pour ainsi dire transparent (sa vie
se résume à ses dinos et à un rendez-vous
amoureux raté), O. Sy n'est utilisé qu'en pointillé,
de même B. D. Howard en chef d'entreprise découvrant
peu à peu son humanité risque de vous laisser
de marbre ; pas plus que les deux jeunes dont les problèmes
familiaux n'intéressent les auteurs que dans une première
moitié.
Mais il y a pire : derrière cette orchestration d'un
grand spectacle qui n'a d'yeux que pour vos propres yeux, il
y a tout simplement la base d'un genre codifié à
l'extrême -l'attaque de créatures diverses et variées-
qui trouve ses sources... dans Les dents
de la mer ! Clin d'oeil ? Recyclage émérite
? Absolument pas, et de toutes façons l'idée eut
été médiocre : pour un 4ème épisode
on attendait quelque chose de plus originale qu'une resucée
de 40 ans d'invasion animale, même si l'idée du
dialogue animal fait son chemin dans le film et finit par bien
s'ancrer dans l'histoire.
Il y a enfin le pauvre C. Trevorrow, caché derrière
ses effets spéciaux et incapable de donner autant de
vie à son film qu'à ses dinos (dont il n'est d'ailleurs
nullement responsable) : il suffit de voir l'occasion ratée
de s'approprier la scène du rétroviseur pour se
rendre compte que le monsieur fait ce qu'il peut et qu'il n'a
pas encore les coudées assez larges pour entrer dans
la cour des grands. On se régalera donc, et seulement,
des attaques de bestioles parfaitement réussies, séquences
décoiffantes s'il en est, débouchant sur un très
beau final, et on oubliera ses fondements trop basiques pour
élever le film au-delà des deux premiers épisodes.
Du gâchis.
NOTE : 10-11 / 20