(Spoilers) Un film catastrophe ? Une dissertation sur le terrorisme
? Un film sur les voyages temporels ? Quel est donc le but de
ce voyage en train incessamment répété
?
La première scène et son attirance pour les moindres
détails (qui auront forcément leur importance
dans le film !), la crise identitaire qui nous rappelle le récent
et sympathique "Sans identité" va nous emmener
dans un voyage où nous ne sommes jamais au bout de nos
surprises : la vérité est ailleurs... Il y a deux
films dans ce film et plusieurs thématiques : l'enquête
dans la réalité parallèle (qui a mis la
bombe et comment la désamorcer ?) et l'enquête
virtuelle dans le monde réel (qui est-il et que fait-il
là ?).
Il est extrêmement excitant de refaire ce voyage qui à
chaque retour apporte une pierre angulaire à la soluce
de cette énigme, qui montre l'élasticité
du temps par un phénomène hautement improbable
et d'autant plus génial, où l'on aperçoit
une infinité de probabilité... réduites
à néant par un futur qui est déjà
écrit semble-t-il ! C'est donc une enquête spacio-temporelle
à laquelle on assiste par le biais d'un scénario
limpide, fluide, envoûtant, bluffant, intriguant qui sait
nous happer en manipulant les expectatives ; qui est le terroriste
qui fait (ou plutôt : qui a fait) exploser ce train et
va faire bien pire si on ne découvre pas son identité
?
Cette oeuvre aborde le thème du voyage temporel de façon
radicalement originale (une sorte de Minority
report inversé), évoquant les capacités
illimitées de notre cerveau, des expériences militaires
et l'utilisation des soldats et des victimes du terrorisme...
jusqu'au bout de leurs capacités. Le scénario
est millimétré pour apporter à notre curiosité
quelques éléments réguliers afin de reconstituer
le fond de l'histoire (pourquoi ce n'est pas son visage que
l'on voit dans la glace ? Où se trouve-t-il à
chaque retour ? Qui est-il exactement ? Que faisait-il en Afghanistan
?...etc) et surtout de se repérer temporellement : où
est la réalité ? Où est le présent
? Peut-on changer le passé ? Le but de notre héros
est-il vraiment de désammorcer la bombe ? Les histoires
se mêlent et se démêlent doucement et intelligemment
(le message sur la chasse au terrorisme est bien passé).
L'homme enquêtera également sur lui-même
et se rendra compte qu'il doit enterrer son passé s'il
veut partir dignement. Le final est une pure merveille, bien
plus fort qu'une simple happy end : grâce aux interractions
avec la réalité et en prenant bien soin de changer
le futur, l'homme bouleversera le passé pour sauver des
âmes humaines, dont celle de son "double" dont
il est condamné à usurper l'identité (ah,
non c'est vrai : il meurt...). De la SF à l'ancienne,
façon Total recall,
qui se concentre non pas et uniquement sur des technologies,
des effets spéciaux, mais sur des êtres humains
amenés à découvrir l'horreur et la (les)
réalité (s) de leur existence et où Jones
s'avère être un réalisateur qui possède
une griffe et des obsessions : déjà dans Moon
il évoquait les réalités et faisait discourir
ses personnages à travers un écran (symbole suprême
d'une réalité toute relative et totalement virtuelle).
Ce film est un bijou d'intelligence qu'il faut avoir vu au moins
une fois dans sa vie.
NOTE : 17-18 / 20