Un film monumental... mais peut-être pas un chef-d’oeuvre.
Alors commençons par les imperfections pour en finir
une bonne fois pour toutes : elles seraient au nombre de deux
et tiendraient à l’écriture du film, adaptation
oblige. La première c’est de ne pas s’être
mieux engoufré dans la brèche socio-culturelle
de ces personnages afin, non seulement de les faire vivre, mais
également de les faire exister (on ne saura que peu de
choses sur les elfes –ils sont immortels et un peu shamans-,
sur les nains –ils vivent dans une mine- et même
sur les hobbits –simples et joyeux) ; quelques petites
touches de ci, de là, au gré des dialogues et
nous étions totalement emballés. La seconde imperfections
tient à l’intrigue du film : réduite à
un simple scénario d’aventure (quand même
mythologique), assez linéaire (ils ont l’anneau,
sont poursuivis et doivent le détruire), peu surprenant
et pas assez profond (le parcours initiatique de frodon, le
pouvoir de l’anneau). Trop sous-entendu.
Ces deux aspects ont bel et bien été traité
mais, à mon sens, pas assez en profondeur... et celà
tenait à bien peu de choses. Pas très grave me
direz-vous ? Effectivement, car l’intéret ne tient
pas seulement à celà et le livre est suffisamment
touffu pour ne faire qu’évoquer ces points sans
embarrasser le cours du film, pour laisser le spectateur naviguer
à son gré et y trouver ce qu’il veut, fouillant
ou non cette mythologie. Il n’empêche que l’écriture
n’a pas toujours été le point fort de P.
Jackson (exception faite pour « Créatures célestes
»). Néanmoins il me semble avisé de revoir
ce film afin d’en retirer tous les enseignements (la naissance
des orcs, l’évolution de Frodon, les amitiés,
le sens des rencontres et des séparations...)
Mais alors pourquoi rêve-t-on encore de ce film plusieurs
jours après sa projection ? Pourquoi, jamais projection
n’aura paru aussi courte ? Pourquoi restons-nous fasciné
? Parce que 70% de l’adaptation du livre tient dans les
images ; et sur ce point vous n’avez jamais rien vu d’aussi
grandiose, évocateur et enchanteur : des prairies légendaires
aux lacs mystérieux, des monuments gothiques aux constructions
improbables, des entrailles de la terre aux sommets enneigés,
des villages elfiques aux sombres champs de bataille. Jackson
est allé au-delà de nos espérances : il
a réellement donné vie à ce livre, à
ces légendes, aux images d’heroic fantasy que l’on
avait tous en tête de façon plus ou moins vague.
La magie opère et chaque étape de cette aventure
est une découverte pleine d’émerveillement,
chaque décor a une histoire à raconter, réflète
de fabuleuses descriptions et ouvre toute grande les portes
de notre imaginaire, chaque décors vus ou seulement entre-aperçu
évoque tout un univers pré-humain totalement magique
et inédit. Gigantesque (surtout si l’on a eu vent
du budget...).
Le casting est totalement en phase avec l’oeuvre, pas
une fausse note, la musique elfique est brillante, les effets
spéciaux hallucinants (les petits hobitts face face aux
humains, les maquillages des orcs, le gobelin, les mattes numériques...)
et totalement intégrés à l’oeuvre,
Peter jackson m’a rappellé un John Mac Tiernam
des grands jours (« Die Hard » et « Le 13ème
guerrier »), offrant à son film une richesse visuelle
peu commune et faisant fi des moyens et de l’encombrante
logistique, nous implicant totalement dans son film grâce
à une réalisation somptueuse (la caméra
sait se libérer des exigences visuelles pour nous entrainer
dans l’aventure)
P.S. : je l’ai revu et suis à nouveau tombé
sous le charme, connaissant les personnages, ayant visité
les lieux, libre d’approfondir le développement
et l’intrigue, les plans extraordinaires de Jackson et
la qualité des SPFX.
NOTE : 17-18 / 20