"Folie à deux" = Cas de psychose partagée. Pourquoi : c'est la simple question qui traverse le film et manque de nous emporter ?
Dans ses premières séquences on retrouve tout ce qui, techniquement, m'avais plu dans ce projet déviant, fascinant : cette musique enveloppante qui vous fait saigner le cœur (mais, ici, forcément sous employée) et ce damné acteur dont le cri nous glace et nous enserre le cœur, dont les émotions naviguent brutalement sur le visage. Même la mise en scène ne tarde pas à lui emboîter le pas. Même Lady Gaga s'avère aussi sobre que convaincante, loin des frasques de son personnage de papier.
J'entends bien : l'idée de base, celle de ne pas faire une suite classique se vautrant dans la surenchère, est aussi ambitieuse que louable. Mais il faut garder en tête que le mélange de genre, casse gueule s'il en est, ici doublé d'une espèce grand écart que l'on a du mal à appréhender, allait carresser le fan à rebrousse-poil. Pourquoi pas !
Sauf que Joker 2 se trouve être une oeuvre hybride qui ne justifie pas réellement son titre et, surtout, son statut de comédie musicale : ses basculements, ainsi que leur nature, demeure laborieux et très mal définis. Entre faux échappatoires d'un monde carcéral, d'un monde que ces anti-héros rejettent autant qu'ils sont rejetés, fantasme pas toujours assumés (la seule scène du tribunal), demi-rêve et pleine réalité, le glissement n'est jamais subtile et semble souvent gratuitement asséné, sans conviction, trop simpliste ; même le réalisateur finit par s'y enliser.
Il faut dire, qu'avec un tant soit peu de recul, le scénario broute, ne narrant finalement que l'emprisonnement, la rencontre amoureuse et le procès de Fleck. Une chronique pimentée de folie mais sans une intrigue construite, solide et approfondie, si ce n'est, évidemment, la réflexion assez aboutie sur la double identité et une love story inusuelle. Et j'applaudis le choix des chansons : il colle au texte, mais beaucoup sont des classiques qui n'ont guère dépassés les frontières...
Et si ce n'était tout simplement pas la bonne histoire à raconter ? Et si elle n'avait pas été racontée avec la force et la profondeur que l'on trouve dans le premier opus ? De toute évidence ça manque de folie composée : je trouve même dommage que l'explosion / impulsion arrive si tardivement, elle aurait été bénéfique au film...
Et dire que j'avais conclu ma review de l'original par "la complète maîtrise du budget...".
NOTE : 12 / 20