Chronique d'une révolte.
Un film Netflix qui évoque encore la banlieue, celle
qui s'embrase (Les
Misérables, Bac
nord, La haine,
Ma 6T va cracker,...) ? Il n'y a en réalité
pas tant de films qui traitent de la banlieue sous cette angle
d'approche.
Commençons par le commencement : un profond respect et
un grand coup de chapeau pour le plan séquence d'ouverture
: au-delà du signifiant on a du mal à appréhender
le véritable cauchemar logistique de ce coup d'éclat
et coup de maître digne des acrobaties du cinéma
coréen. Impossible de cligner des yeux durant toute la
durée de la séquence. Mais le film est en lui
même un immense morceau de bravoure technique, plus discret
mais néanmoins efficient, extraordinaire ballet artistique
complexe et indecemment maîtrisé. La composition
musicale finit de donner une amplitude et une force ravageuse
à l'œuvre.
La cité d'Athena s'embrase donc juste après la
mort d'un jeune, suite à une soit-disant bavure policière.
Les émeutes qui s'ensuivent mettent à mal tout
le monde ; Athena décrit le chaos, un
incendie immaîtrisable, déclenché par ce
que les pouvoirs publics décriraient comme une simple
étincelle, enclenchant un terrible incendie, une escalade
de violences aux conséquences terribles. Athena
est construit comme un film de guerre, autant qu'une tragédie
classique, totalement immersif, partageant les points de vue
: celui du vengeur, du pacificateur et du CRS. Beaucoup d'analyses
se sont arrétées à cette banlieue qui s'emflamme
mais on oublié tout un pan du film : encore aurait-il
fallu se poser la question de savoir qui gagne à la fin,
comme dans toute oeuvre cinématographique ? Encore aurait-il
fallu se poser une question essentielle : si ces révoltés
avaient eu un bonnet phrygien et non une casquette, le film
de Gravas aurait-il été ainsi traité de
condescendant, complaisant, violent ou encore irrespectueux
? Un vocable arboré par toutes les extrêmes-droites
européennes...
Et puisqu'on en parle, là où le film brille encore
plus, derrière cet appel à la justice sociale
(car il s'agit d'une oeuvre sociale et non politique) qu'Athena
s'impose, dans son attaque frontale de l'extrême
droite et surtout de son idéologie guerrière et
destructrice, destinée à monter les gens les uns
contre les autres dans le but de déstabiliser la société
pour mieux régner. Un message à tous les peuples
d'Europe via un média majoritaire ; à vous de
voter en intelligence et en conscience. Athena
résonne comme un avertissement envers tous les citoyens
à ne pas se laisser emporter par la haine, à s'écouter
et à chercher la vérité avant toutes choses.