Formellement et fondamentalement plus pertinent que le non
moins excellent Les
Misérables ; plus pessimiste également.
La police vue de l'intérieur. Marseille vue de l'intérieur.
Le quotidien de la BAC nord, au plus près, dans une radiographie
des banlieues les plus chaudes de la cité phocéenne,
laissées à l'abandon depuis des décennies
par les cadres de la République française.
BAC nord dénonce l'impuissance des pouvoirs
publics, plus préoccupés par des enjeux, des considérations
électoralistes, que par le bien-être de leurs concitoyens
; préférant taper à l'aveugle et faire
bonne figure plutôt que de solutionner un problème
qui s'envenime d'année en année. Avec le système
républicain en ligne de mire, système loin des
réalités du terrain, incapable de mettre les moyens
pour fermer le robinet de la drogue et commencer à résoudre
le problème de la délinquance, versant dans une
gestion politicienne et entrepreunariale de la loi, de la fonction
de policier. Oubliant tout l'aspect humain.
De l'autre côté de la mire on nous présente
des forces de l'ordre à bout de nerf, jonglant avec la
loi, empli de frustration, de tension, manquant cruellement
de moyens et sacrifiant leur vie pour une reconnaissance inexistante.
Campées par un trio d'acteurs magnifiques.
A la cinématographie irradiée de soleil, à
la mise en scène au couteau et à hauteur d'homme,
BAC nord est une œuvre puissante -quelle
bande orginale de G. Roussel !-, humaine, ayant trouvé
un angle d'approche perspicace sur un sujet pourtant rebattu.
Je terminerai simplement en clamant qu'il est désolant
de voir les plus incapables, opportunistes et corrompus de nos
politiciens faire de ce film le porte-drapeau de leur racisme,
trop obtus, aveugles et ignares pour ne pas assimilés
des problèmes de drogue et de délinquance avec
une couleur de peau. Hideux. Pitoyable.