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Eyes wide shut
Budget = 65 M$
BOX OFFICE France = 4 593 / ? - 613 000 - 1 661 000 entrées
BOX OFFICE USA = 21,7 / 55,7 M$
BOX OFFICE Monde = - M$
 

Envoûtant, original, sophistiqué, vénéneux… Kubrick n’a pas changé, où alors seulement de thématique, et comme à l’accoutumée il joue sur tous les tableaux, autant techniques que scénaristiques… et une fois de plus il gagne. Sortant de ses sujets de prédilection (notamment la guerre), Kubrick décide d'explorer le couple et la sexualité à travers une analyse toute personnelle de la jalousie, du désir, de la tentation, des fantasmes et de la culpabilité ; dans la profonde intimité d'un couple.
Quand les français n’ont de cesse d’interroger la chair, Stanley nous offre enfin une variation plus cérébrale sans être pour autant intellectuelle ; son film est un immense fantasme où un couple (plutôt l’homme d’ailleurs) se rend compte que la fidélité tient à tellement peu de choses. De désirs en plaisirs visuels, de doutes en convoitise, le personnage de Tom Cruise va effectuer un parcours initiatique et torturé à travers une New York noctambule, chantre de la dépravation. Sur ce thème se greffe foule de personnages énigmatiques (le loueur de costume qui prostitue sa fille, la pute adorable, le pianiste mystérieux…) et, surtout, la peur, la peur du sexe sans amour, peur matérialisée d’une part par la prostituée et d’autre part par cette société secrète qui a élevé l'acte sexuel au rang de religion tendance fanatique et dangereuse ; appuyé par la réalisation extraordinaire du maître et par la musique. L’analyse de l’âme de cet homme devient bien vite clinique, à l'image de la tonalité bicolore de la photographie -jaune inondé de lumière / bleu nocturne-, le jaune étant souvent dominant pour le sexe ; j'en veux pour preuve la scène où il se trouve avec la prostituée, éclairée en jaune comme l’était son foyer et, lorsque sa femme lui téléphone, derrière elle, les couleurs deviennent bleues, froides. C'est une analyse clinique et mentale car on a l’impression qu’il s’enfonce peu à peu, le petit bourgeois urbain cauchemarde, il entraperçoit sa vie sans la femme qu’il aime plus que tout, sans sa famille, sans stabilité, il cherche à s’émanciper et manque de se perdre. Eyes wide shut est un voyage nocturne -moment privilégié pour l'intimité- qui va insidieusement chercher au plus profond de nous et interroge notre propre histoire amoureuse. Il va sans dire que la société secrète n'est que l'expression, la métaphore de l'acte d'amour perverti et hors mariage.
Des réserves ? D'aucun lui reprocheront son aspect trop langoureux, alors que le temps n’est pas passé pour moi. D'autres des dialogues déclamés péniblement et sans raison alors qu'ils sont, en fait et tout simplement, appuyés pour créer cette atomsphère réaliste et quasi dérangeante ; impression accentuée par le manque volontaire d’ellipse à l’intérieur des scènes (filmées en "temps réel"). Cruise et Kidman, à la ville comme à la scène, se fondent à l'univers du maestro et composent un couple plus vrai que nature.
Si je ne ne rangerai peut-être pas ce film aux cotés de Orange mécanique, 2001, Les sentiers de la gloire ou de ses très nombreux chefs-d’œuvre, Eyes wide shut est loin de faire pâle figure dans la filmographie de Stanley Kubrick pour la bonne raison que ce dernier a réalisé un vibrant hommage au couple, à la famille, à l’amour et… au sexe ; n’en déplaise à certains.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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