INTERVIEW
de Laurent PEREZ DEL MAR compositeur pour
Le mystère Henri Pick |
Comment devient-on musicien pour le cinéma : c'était, dès le départ, un choix de carrière ? Oui, j’ai été baigné dans la musique depuis mon plus jeune âge, avec des parents musiciens, et nous regardions beaucoup de films.. la passerelle s’est faite assez naturellement pour allier ces deux passions quand j’ai compris à quel point film et musique pouvaient interagir.
Comment as-tu été amené à (re) travailler avec Rémi ? Je regardais Le Premier jour du reste de ta vie pour la 27ème fois (rires) et je lui ai envoyé une photo de mon écran en lui disant « Toujours autant de plaisir ». Ce à quoi il m’a répondu « Il faut qu’on prenne on verre » et quand nous nous sommes vus, il m’a dit penser à moi pour un projet, et qu’il hésitait avec un autre compositeur. Il m’a parlé du projet, parlé du casting et je lui ai tout simplement dit que j’étais le meilleur choix (rires).
Combien de fois il te faut voir le film / une scène pour lui trouver une ambiance musicale ? Je regarde la séquence deux ou trois fois, et ensuite je me
détache de l’image, je travaille avec le souvenir que je
m’en fais. Lorsque l’on est collé à l’image,
j’ai le sentiment que la musique s’appauvrit… alors
j’essaie de travailler la musique, les arrangements, et ensuite
je la remets sur l’image pour voir les interactions. |
Aucune (rires). Non, ça dépend vraiment des projets, et je pense qu’il est important d’avoir des convictions et d’être force de proposition. Je pense que les grands réalisateurs savent s’entourer du talents des autres, et Rémi fait partie de ceux là. Avec ce genre de metteur en scène, on peut essayer de mettre de la singularité dans les arrangements et l’orchestration, sans se dire que ça ne marchera pas, on est encouragé à être original, et ça c’est vraiment agréable. Sur Le mystère Henri `Pick, je lui ai d’abord proposé des choses qu’il a trouvées trop « classiques », et j’ai alors compris que l’on pourrait aller beaucoup plus loin. À partir de là, nous avons essayé plein de choses, jusqu’à ce que nous trouvions ce qui le satisfaisait pleinement, et je pense que nous y sommes arrivés.
Tu préfères un réal très directif ou plutôt celui qui te laisse libre ? Et où se situe Rémi ?? ? Directif sur ce qu’il veut exprimer avec sa mise en scène, les émotions, sur le propos, mais qui laisse la liberté des outils musicaux pour arriver à ses fins !
Je les revois en projections de montage, puis de mixage (que je suis de près), puis en projection d’équipe, puis d’avant premières pour sentir le public.. donc après cette période, je laisse passer un peu de temps avant de les revoir (rires)!
Tu as composé beaucoup de musique de dessins animés (Zarafa, Loulou, La tortue rouge, Pourquoi j'ai pas mangé mon père) : il y a-t-il une une raison particulière à cela ? Oui, les premières personnes à
m’avoir donné ma chance dans ce métier sont Valérie
Schermann et Christophe Jankovic, qui ont produit Zarafa
(nommé au César), Peur(s) du noir, Loulou
l’incroyable secret (César du meilleur film d’animation
en 2014) et La Tortue Rouge (nommé aux César
et aux Oscars)… tout est dit. Ils ont cru en moi dés le
départ, et j’adore travailler avec eux, leur manière
de produire des films.
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Est ce qu'il y a un genre ciné sur lequel tu aimerais travailler et, a contrario, un genre avec lequel tu ne te sentirais pas à l'aise ? Je ne me suis encore jamais frotté à un blockbuster,
et je pense qu’il est vraiment possible de se régaler sur
ce genre de films aussi. Un bon film sur le milieu du grand banditisme
de Scorsese aussi, là ce serait le rêve.
Je ne suis pas musicien mais j'ai vraiment aimé ta composition pour Henri Pick : selon moi elle traduit l'obsession de ce héros recherchant la vérité ; tu es un compositeur instinctif ou alors plus "cérébral" ? J’essaie de trouver des concepts, et en ça il y a une
forme d’intellectualisation du travail. Par contre, une fois le
concept trouvé, l’écriture se fait très instinctive.
Qu'est-ce qu'une musique de film parfaite : celle qui reste en tête ou celle qui reste discrète mais porte le film ? Pour moi, la musique de film idéale répond à plusieurs
exigences.
As-tu croisé des réalisateurs qui touchaient vraiment leur bille en musique, des mélomanes ? Oui quelques uns. Michael Dudok de Wit est un très bon pianiste, grand mélomane. Christian Carion est un grand mélomane aussi, ayant sur ses films travaillé avec Ennio Morricone, Philippe Rombi, j’ai essayé de ne pas y penser quand nous avons travaillé sur Mon garçon… Jamel Debbouze connait bien la musique de films, Rémi en met beaucoup dans ses films aussi… j’ai eu plutôt de la chance globalement.
Quels sont tes modèles en terme de compositeur de musique de cinéma ? Des modèles je ne sais pas, mais que j’écoute régulièrement, George Delerue, John Barry, Ennio Morricone, Bernard Hermann, John Williams, Alan Silvestri… il y en a tant….
Il y a un réalisateur avec lequel tu rêverais de travailler ? Des projets ? ? Martin Scorsese, Steven Spielberg, Alejandro Inarritu, Guillermo del
Toro, Alfonso Cuaron, Claude Lelouch, David Fincher…
Salutations à toi, Laurent, et sincères remerciements pour ce passionnant entretien.
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