Un naufragé, une île déserte, quelques
animaux dont une tortue pour le moins étrange, et pas
une ligne de dialogue. Un film tout en grâce. Les dessins
y sont épurés, le crayonné direct, les
couleurs pastelles et la musique absolument exceptionnelle :
il s'agit d'une oeuvre d'art, poétique avant tout et
qui nous change complètement (et heureusement) des éternelles
suites et films originellement photocopiés made in Hollywood
qui formatisent nos mômes et les transforment en consommateurs
de produits dérivés. Une bouffée d'air
frais dans le monde de l'animation. Mais le plus étonnant
c'est que ce film est d'une simplicité angélique
; autant dans le trait que dans la récit. Et de cette
simplicité naît la beauté. Un simple twist
dans l'histoire et l'oeuvre prend une dimension extraordinaire
: celle de la création. Il créa l'homme, puis
la femme. Ils enfantèrent et vécurent heureux
entre les divers aléas de la vie (accident, départ...).
Entre métaphore de la vie et rêve / illusion, le
film est un concentré d'émotions -émotions
primaires et pures comme l'eau de roche, jamais dénaturées
par une scénarisation à outrance (lorsque l'enfant
chute, notre coeur fait de même) ; un concentré
de nature et de pureté absolues, une oeuvre naturaliste.
Pourtant c'est tout autant un conte fantastique où l'homme
se mêle aux caprices de la nature, s'en empare, les accepte
ou les subit. Ce film est la définition même d'humilité,
celle où les silences sont lourds de sens. Sublime :
finalement il ne sert pas à grand chose d'en faire la
critique, le mieux est de courir le voir.
NOTE : 17-18 / 20