Le voyage à Silent Hill peut enfin
débuter sur grand écran. Sous ses justes allures
de films de genre avoué et honnête, de grosse série
B, se cache le coeur bouillant d'un grand film d'épouvante
/ d'horreur.
D'abord parce que le scénario ne se contente pas de son
fabuleux pitch : une petite fille perdue dans un ville fantôme
(et quelle ville !!) et recherchée par sa mère.
On part d'un personnage fascinant (ses cauchemars, son somnambulisme)
pour découvrir toutes les méandres de son esprit
et de son histoire, on débarque dans une ville proprement
innommable, effrayante et opaque, on nous assène la pire
des peurs parentales (égarer son enfant), et puis on
découvre peu à peu les liens sauvages qui lient
cette enfant à ce lieu perdu au milieu de nulle part,
d'où l'on ne semble pouvoir sortir (d'ailleurs toute
l'intrigue du film se concentre sur cette question...) et dont
le passé évoque l'une des pires ignominie de l'histoire
américaine. Un film d'horreur mené comme une enquète
(par le spectateur / joueur) jusqu'au final ahurissant et d'une
beauté fantastique. Et aux créatures multiples,
inventives et absolument inédites.
Tout contribue à notre adhésion la plus complète
: les décors intenses et faussement virginaux qui respirent
la mort et dont le brouillard -une fumée persistante
en réalité- limite notre vision et contribue à
notre appréhension, notre effroi. De même la photographie
éclatante ou la musique, élément le plus
essentiel au film, chaînon manquant entre le jeu et le
film, certainement la plus extraordinaire compo que j'ai entendu
depuis celle de Simetierre.
Et puis il y a cette épouvante la plus pure, la plus
dure, peut-être un peu abrupte (trop vite exposée,
voir trop exposée) mais absolument inédite et
surprenante, le gore le plus sadique, héritage des 80's,
sans complexe aucun quant aux limites. Enfin, C. Gans, époustouflant
dans sa démonstration de cinéma, élégante
et raffinée, tout en puissance, mais peut-être
un peu loin de ses comédiens pour nous impliquer à
100 % dans le film, malgré quelque parti-pris artistiques
hautement intéressants voir astucieux (l'accident en
forme d'ellipse).
Il vous reste à baigner le tout dans une atmosphère
de mysticisme religieux très 70's (bien que notre esprit
contemporain se tournerait plus vers les intégristes
de tout bords...) et vous obtenez une surprise sans temps mort
qui a le mérite de relever le niveau de minutes en minutes.
NOTE : 15-16 / 20