(Texte écrit pour beaucoup quelques heures avant la
vision du film...)
Quelle analyse dois-je faire de ce film ? La même que
j'ai pu écrire à l'époque de la sortie
du remake, plan pour plan, de Psychose ? Non,
quand même pas... Dois-je vraiment réécrire,
presque mot pour mot (puisque le film s'applique à suivre
religieusement son modèle) mon analyse de 1994 ?? Pourquoi
pas : et ainsi donner à Disney l'équivalent critique
de leur projet. Sans plus d'ambition. Un simple réajustement
technologique et une révision de ma note en fonction
de l'ampleur du projet... Triste. Et d'ailleurs que doit-on
penser d'une œuvre dont on peut écrire la critique
avant même de l'avoir vu !?!?
Pourtant on ne peut parler de ce Roi lion 2019
sans évoquer le projet global en lui-même : projet
d'un intérêt, soyons honnête, pour le moins
discutable à la base. D'un intérêt artistique
partiel et purement visuel, simple argument technologique, vitrine
technique sans fond, sans vision, sans originalité et
sans âme qui se transforme en un simple moment de nostalgie
pour ce qui ne reste pas - à mon humble avis- le meilleur
film de la firme aux grandes oreilles (je parle de l'original).
A quoi bon voir ce film si ce n'est pour mesurer les avancer
des CGI ?
Deux autres questions inhérentes à ces interrogations
se posent alors : pourquoi est-ce que Disney n'a pas initié
une ressortie du film originel, en version 4K où je ne
sais quoi ? Les résultats corrects mais guère
suffisants de la version 3D de 2011 n'étant pas en adéquation
avec l'appétit toujours grandissant de Disney me parait
être une réponse plausible.
Seconde question : Pourquoi ne pas avoir tout "simplement"
développé un projet 100% original pour supporter
l'apport de cette nouvelle technologie ? Le silence de Disney
sur le budget du film laisse imaginer que le coût de développement
d'un tel projet était trop élevé. Comprendre
: pas assez rentable... D'où l'idée, sans doute,
de se servir du film originel comme d'un storyboard, d'un vulgaire
layout 2D ??
A la vue des sorties 2019 de la firme (8 films sur 10 ne sont
des suites et remakes ; comme l'an passé d'ailleurs...)
Disney est-il en train de détruire son propre patrimoine
? Pire : le conglomérat est-il en train de créer
des générations de fans allergiques à la
nouveauté, à même de les suivre dans leur
entreprise de recyclage aussi éternelle qu'apparamment
très lucrative, tirant par le bas les exigences artistiques
de toute une génération afin de mieux vendre de
futures productions à moindre coût ?? Et comme
le dit la nouvelle -et mauvaise- chanson du film : "revenir
à un passé glorieux" (ou quelque chose de
la sorte)... Sic !
Une dernière chose qui me tient à coeur : l'hippocrisie
de ce film saute aux yeux lorsqu'on connaît l'histoire
caché du Roi lion.
Après avoir recyclé sans droit Le roi
Léo (anime japonaise plus adulte), il le re-recycle
sans gêne ni même un simple hommage. De même
le générique final aurait pu au moins réparer
nominativement une ignoble erreur passée : lorsque les
actionnaires Disney avait viré le président de
la firme, J. Katzenberg ; en remerciement pour avoir contribué
à l'un de leur plus gros succès...
Revenons-en au film en lui-même. Serait-ce trop exigeant
de demander aux pontes de Disney, ceux qui commandent ces remakes
live, de nous proposer des relectures , façon Dumbo,
d'enbaucher de vrais auteurs qui pilotent ces projets, se les
approprient et osent -pourquoi pas- critiquer la main qui le
nourrit ??? Est-ce trop exigeant d'exiger de nous pondre des
films modernes osant gommer les aspects devenus poussiéreux
d'une oeuvre sortie il y a plusieurs décennies. J'aurais
souhaité un Roi lion moins réactionnaire,
qui, plutôt que de voir Simba réintégrer
une société royale se réapproprie les leçons
insurrectionnelles des "anarchistes" Timon et Pumbaa.
Une oeuvre moins machiste où la reine réclame
enfin son dû face à Scar. Un roi lion qui embrasse
enfin la porte écolo entrouverte par l'original et développe
pour de bon les thèmatiques de la surconsommation (dans
cette version les animaux n'ont plus aussi faim...) et le massacre
de notre planète (encore en simple arrière-plan
ici) ? Cela aurait été tellement mieux que ce
jeu des 7 différences grandeur cinéma.
Ce nouveau Roi lion n'est cependant pas un navet, ce serait
cracher sur d'indéniables et intrinsèques qualités.
Je lui accorderai donc 3-4 compétences :
Celle de poser subrepticement et inconsciemment la question
"Ou commence l'art ?". Questionnement auquel je laisserai
à chacun le soin de répondre... Repeindre "La
Joconde" ou "Les Demoiselles d'Avignon"...
Je lui accorderai la beauté et la quasi perfection (un
seul plan a été tourné en live, en Afrique
!) de ces images infographiques : extrêmement impressionnantes
et pour le moins fascinantes.
Lla qualité intemporelle de ses chansons -à une
exception près- dont le plaisir de les réentendre
est indéniable. Les mêmes, simplement réorchestrées...
Et enfin le gag sur le pet de Pumbaa qui répond intelligemment
à son modèle.
NOTE : 8-9 / 20