Attention : ne clignez pas des yeux !!!
Apprétez-vous à participer -et pas seulement assister-
à la grand' messe de la culture geek. Deux choses en
préavis : primo, il est fortement conseiller d'avoir
une bonne culture pour apprécier parfaitement et entièrement
ce film, de la même manière qu'il est préférable
a connaître le cubisme pour apprécier à
leur juste valeur "Guernica" ou "La femme qui
pleure" de Picasso. Secundo : ce n'est en rien un catalogue
compulsif de clins d'oeil gratuits à la pop culture,
pas plus qu'un vulgaire "Easter egg movie", premier
du nom. Non : si le film dans son entièreté se
veut être une friandise absolue pour quelques générations
de fou furieux, ces références servent à
l'intrigue, sont parfaitement digérées. Elles
représentent même le fil d'un immense canevas,
un peu à la manière de l'une de mes annotations
préférées : lorsque l'utilisation du "Cube
Zemeckis" permet aux héros d'avancer dans l'intrigue.
Ce qui nous amène à évoquer un autre point
essentiel : le scénario, qui fonctionne sur le mode d'un
jeu vidéo grandeur ciné, avec ses intrigues /
énigmes qui permettent aux héros d'évoluer
dans leur quête. Un grand jeu d'aventure qui me fait dire
que Spielberg a tout simplement réussi son Indiana Jones
virtuel : un grand film d'aventure décomplexé,
original, cliquant et qui se suit avec le plus grand des plaisirs.
Il y a enfin les thématiques : un regard sur un futur
proche où l'espèce humaine a baissé les
bras, ne se bat plus et reste coincée dans un monde irréel,
meilleur, beaucoup plus maléable et inconséquent.
L'évasion étant devenu le nouveau Graal de l'être
humain, comme une nouvelle forme de lutte où la défaite
même reste... virtuelle. Et derrière ceci se cache
évidemment une petite réflexion sur les enjeux
du virtuel : dominer derrière l'écran, c'est dominer
devant l'écran. L'exemple actuel de Facebook me parait
illustrer à la perfection l'intelligence de ce thème.
Côté visuel difficile de ne pas dire à quel
point on n'en prend plein la tronche -la course trépidante,
ébouriffante du début en est le parfait exemple-
même si cela empêche le réalisateur de s'exprimer
hors du champ du virtuel de manière plus subtile. Qu'importe
: impossible de nier son plaisir, un pur plaisir de fan pour
un film trop sucré dans lequel on ne peut pourtant s'empêcher
de croquer à pleine dents. Par delà ses qualités
il y a incontestablement un véritable jeu qui s'installe
avec les spectateurs : repérez un maximum de références,
en décrypter d'autres et évoquer le film après
sa vision.
Ready player one a pourtant tendance à
s'essouffler en son milieu, les enjeux dramatiques ne sont pas
particulièrement bouleversants (le méchant veut
dominer le monde), la trame restera très classique pour
ne pas dire pas assez révolutionnaire compte-tenue du
concept et de ses (menues) ambitions.
A l'image du film je ne citerai pas les centaines d'Easter eggs
qui peuple littéralement ce monde visuellement dépaysant
et particulièrement excitant, mais je me réjouirai
une dernière fois (non : je le reverrai très prochainement
!!) des clins d'oeil à Citizen
Kane, Terminator 2 ou
Buckarro Banzaï (ce film
est enfin ressuscité !) la description hilarante des
lunettes de Clark Kent, une nouvelle fois le génial Cube
Zemeckis et bien évidemment la séquence démentielle
où l'on se retrouve en immersion absolue dans Shining
(jusqu'au grain du film original).
"Hannal nathrar, ourwassbethud, doriel diembhe !"
NOTE : 15-16 / 20