Tout d’abord je crois qu’il est clair que si Kubrick
s’est servi du roman de King uniquement en tant que matière
première (déjà bien évocatrice)
c’est tout à son honneur. Et puis Kubrick a su
en retiré quelques chose de plus profond, restant maître
et seul maître de son sujet : c’est SA vision. La
réussite du scénario, sa subtilité dans
la description des personnages et de la folie, les séquences
oniriques, l’épouvante, en incombe pour une grande
part au Maître. Crédibilité des images,
peur à haute dose d’adrénaline, ambiance
glauque et terrifiante… tout est agencé au millimètre
près afin d’hypnotiser le spectateur, le libérer
de son incrédulité naturelle et le prendre à
la gorge. Une réussite incontestable. Secondo, l’histoire
tient la route parce que Kubrick a su la magnifier par ses images
et son habileté à rendre un récit aussi
vivant. Inoubliable transition entre le labyrinthe et sa maquette,
inoubliable gosse sur son tricycle déboulant dans des
couloirs vides et interminables, inoubliable poursuite finale,
inoubliable image du flot de sang vomit par l’ascenseur.
Les scènes d'anthologie sont légion. Une utilisation
de la steadycam qui fera de nombreux émules et d’où
découle une maîtrise de l’espace totale et
réappropriée pour un film de genre qui ne ressemble
à aucun autre. Enfin, n’oublions pas quand même
cet acteur homérique qu’est Nicholson : qui d’autre
aurait pu nous donner une interprétation de la folie
aussi vivace et hallucinée ? Il tient une bonne partie
du film sur ses épaules. Autant que cette musique omniprésente,
oppressante, épaisse comme l'atmosphère. Et cette
fin abyssale, traumatique grâce à laquelle on finit
d'emmener le film, un peu plus, longtemps après sa vision.
Après avoir vu « Simetierre » on se demande
pourquoi il existe tant de mauvaises adaptations de King.
NOTE : 19-20 / 20