Oh mon Dieu qu'il est ardu de passer après Sam
Raimi et de remaker un chef-d'oeuvre : remaker sans réparer,
donc, mais en réinventant !
Après une intro digne
de l'exorciste et proprement inutile, on comprend vite à
quel type de film nous avons droit : cet Evil dead va essayer
de nous donner des explications... Le réalisateur ne
réimagine pas vraiment les mouvements de caméra
de Sir Raimi, lui rendant un simple et faible petit hommage
lors de longs travelings (et encore : ils sont un peu courts
à mon goût pour être désignés
comme "hommage") ; même si celui-ci montera
progressivement en puissance je resterai sur ma faim au niveau
visuel : et Evil dead est un oeuvre complètement visuelle,
un film écrit à la force de la caméra faisant
une impasse imaginative sur le scénario.
Scénario
: il reste ici le pitch et le décorum (avez-vous remarqué
que la balancelle ne se balançait pas à l'arrivée
des protagonistes ? Hérésie !), une photo très
réussie, des personnages forcément -et c'est tout
à son honneur- plus fouillés. Mais plutôt
que de choisir la suggestivité, moteur de l'épouvante
dans la saga, le scénariste personnalise les démons
et désacralise l'idée même du film de départ
: un choix proprement exécrable à mon sens. Ici
Evil dead à perdu son âme et toute sa spécificité,
même si le rythme est bon, le gore plaisamment grand-guignolesque
: pas assez épuré et trop explicatif (on s'en
fout : on veut du visuel !), moins pur, trop à la mode
; le final hésitant entre profonde nullité (la
résurrection) et furie sanguignolante est à l'image
de ce remake qui prend trop à contre-sens l'oeuvre originelle
et se prend les pieds dans le scénario.
Qui pouvait imaginer
ne pas être déçu ?
NOTE : 10-11 / 20