Scène 1 (Une maison en décrépitude, en
bord de mer - Extérieur / Intérieur jour) : un
enfant mange une poubelle ; sa mère le tue.
Dans Les crimes du futur on nous présente
des créatures qui nous rappellent l'univers d'Existenz
ou celui du Festin nu.
D'ailleurs Cronenberg évoque la modification des corps
(vue également dans Crash)
et revient aux sources : l'être humain n'a pas d'âme
et n'est constitué que de chair, de sang et d'os. Et
de plaisir charnel. On retrouve tous ses codes, scénaristiques
et visuels, notamment les organisations obscures et borderlines
tel ce bureau d'enregistrement des organes, ou encore ses corps
transpercés, mutilés, modifiés pour accueillir
et devenir "technologie" (vu depuis la fameuse scène
de Videodrome).
Modifiés pour le plaisir, l'art du spectacle, ce mélange
poisseux et humide de sexe et de sang (Crash).
D'ailleurs il est intéressant de noter que le héros
est surnommé "Soul dancer" : soit l'exact contraire
de la morale cronenbergienne du film, puisqu'il ne s'agit, ici,
que de la danse des corps et des organes.
On retrouve visuellement cette photographie typique, couleur
chair putréfiée, cette puissante musique glaçante
de son binome Howard Shore, pour un show à la fois immonde,
fascinant et extrêmement profond : nos corps étant
de plus en plus soumis à la transformation, depuis de
létigitimes greffes jusqu'à la chirurgie métamorphosant
nos faciès pour le simple plaisir pseudo esthétisant.
L'éternel débat de l'homme se prenant pour Dieu
et modifiant sa création selon sa propre volonté
; et débouchant sur la question suivante, induite par
l'intrigue sur la nutrition : quand cesse-t-on d'être
humain pour se rapprocher inexorablement de la vulgaire machine
manufacturée ?
Cronenberg s'autocite afin de mieux créer quelque chose
de nouveau, un discours ultramoderne avec de nouvelles et originales
implications. Même s'il s'avère toujours un peu
âpre -mais cela sert son propos-, conceptuellement très
proche de Crash (le
sexe et, cette fois, l'absence de douleur), mélangé
avec l'idée d'un art nouveau, le film est tangible, créatif,
tour à tour perturbant, provoquant, répugnant
mais toujours finement ciselé ; le genre d'oeuvre qui
ne vous lâche pas et vous laisse dans un état second.