Voyage dans le cerveau d’un écrivain drogué
à travers une folie visuelle menée de main de
maître. Un film où tout n’est que délire
psychédélique, chaque image un trip.
On y entend quelques notes de jazz au beau milieu des années
50 et la plongée dans le Tanger de l'époque est
magique : sans le nommer on sait que l'on y évoquera
le mouvement artistique beatnik cher à Kerouac. La photo
y est charnelle, la réflexion sur l'écriture dressée
par W. Burrough y est métaphysique, et on plonge dans
un fantastique qui s'immisce frontalement dans le réel,
sous la forme de créatures insectoïdes ; là
où réel et illusion se confondent. Les visions
cauchemardesques appartiennent à Cronenberg et l'on n'y
retrouve ses thèmes favoris, son univers torturé,
ses images de chair et de sang, ses obsessions (sexe, bouffe),
sa propre folie artistique.
Le visage glacial de Weller se marie à merveille au rôle
et il montre à quel point il est un immense acteur.
Découvert à sa sortie au cinéma et complètement
fasciné par le spectacle auquel j'avais assisté,
j'avoue que -sur un bien plus petit écran- ma seconde
impression est quelque peu différente : car le scénario
est diffus, ayant du mal à cerner son sujet, se concentrer
(celui du sexe et de l'homosexualité nous sont autant
imposés qu'au héros, semble-t-il), les dialogues
vaporeux et mal aidé de nombreuses longueurs. C'est tout
à la fois un film d'espionnage, une oeuvre qui parle
d'écriture, de création et d'art littéraire,
abordant tout autant les thèmes de la conscience, de
l'addiction aux drogues, de l'homosexualité...
Naked lunch est un film haut perché
qui ne résiste pas forcément à de nouvelles
visions, à moins d'être envoûté par
cette atmosphère à part, unique et vénéneuse,
cette histoire labyrinthique qui tente d'adopter l'état
mental de son héros.
NOTE : 15-16 / 20