Avec ce film, et le futur Roi
lion, Disney signe le début d'une ère post-moderne
: le cinéma-Ikea. A partir de maintenant les spectateurs
seront partagés en deux : une minorité plaidant
pour les reboots revisités et pensés (Le
livre de la jungle - Dumbo)
et la majorité pour leurs copies sans âme. Triste
constat.
Premièrement, je ne suis pas un grand fan du cartoon original
(mais j'ai prévu de le revoir sous peu). Deuxièmement
le scénario nous fait ressentir à quel point ce
remake est d'une inutilité flagrante, refusant catégoriquement
de passer à la moulinette de la modernité, d'offrir
une nouvelle vision véritable : ici, même si je n'ai
pas vu le dessin animé depuis longtemps, on retrouve absolument
tous nos repères et on s'ennuie. Beaucoup.
Remake plutôt que reboot, sans relief aucun, manquant de
réécriture (La scène des glaces complètement
bâclée, l'utilisation des vœux) ou ratant le
coche (L'humour notamment), oeuvre dont les personnages resteront
sans (nouvel) éclat, s'appuyant seulement sur l'étonnante
ressemblance de M. Massoud avec le Aladdin animé : Jafar
ne fait pas trembler les murs, Jasmine ne fait pas rêver,
les personnages secondaires sont inexistants et le génie
est trop sage par rapport aux folies de Robin Williams (qu'il
est décevant de regarder Will Smith jouer avec un pied
sur le frein...). Le film s'avère très enfantin
(la disparition à toutes allusions non-infantiles), histoire
de capter les nouvelles générations et de brasser
le plus large possible, et laisse de côté les thématiques
de la femme forte et de l'identité arabe, ici purement
hollywoodiennes. Quant à celles du mensonge et de l'apparat,
elles ne seront que vaguement et indignement traitées
Nous voilà, alors que le générique de fin
tombe, simplement séduit par une scène dansée,
filmée comme dans un film indien, et quelques menus gags
; le "plaisir" de retrouver les chansons qui auraient
mérité (aussi bonnes soient-elles) d'être
zappées ; mais celà aurait été un
risque impensable pour Disney...
Ritchie y met les formes mais sans génie (lol), bien aidé
de quelques millions de dollars en FX. Aladdin est
définitivement trop coloré, trop clinquant, trop
studio, trop lisse, trop orienté sur la nostalgie et l'absence
criante de cinéphilie.
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