(Je précise qu'il n'y a pas de spoilers dans cette review, en regard du final)
Un film local, qui plus est tourné en noir et blanc, qui a fait plus d'entrées en salles que Barbie et Oppenheimer... Cela attise forcément ma curiosité !
Il reste encore demain nous présente la vie romaine juste après la guerre, à travers le regard d'une mère de famille : la multiplication des petits boulots ingrats, la débrouille, les enfants à élever tant bien que mal, les amis qui aident. Et un mari colérique qui a la main lourde....
C'est une oeuvre légère sur un sujet grave, sur un ton presque décalé empruntant à la comedia del arte, dénonçant le statut des femmes dans les années 40, pour beaucoup totalement soumises à leur mari. Une histoire simple, loin de nous dans le temps (la musique anachronique semble pourtant nous rappeller à l'ordre...) mais racontée en "dédramatisant" par l'humour, pas pour minimiser la situation, mais pour nous faire entrer dans la tête de cette femme italienne qui n'a jamais le courage de s'élever contre celui qu'elle aime et qui se ment à elle-même ; prenant cette distance nécessaire afin de protéger ses enfants.
Un scénario agréablement écrit, jusqu'au brillant twist final qui révèle le mystérieux contenu de la lettre et nous berne, final qui a sans nul doute contribué à l'immense succès du film : un cri du cœur pour la liberté des femmes, une liberté essentielle (que je vous laisse découvrir) que l'héroïne choisit de toutes évidences pour l'avenir de sa fille et de son pays. S'effaçant encore une fois.
La photo nous rappelle les grandes heures du cinéma italien et notamment Rossellini et le néo réalisme.
Paola Cortellesi irradie littéralement l'écran et Il reste encore demain
brille par sa mise en scène audacieuse autant que talentueuse, et pleine de partis pris, notamment cette scène de danse qui retranscrit parfaitement ce que ressent cette femme (minimiser, effacer).
Un beau et bon film de cinéma.