Toute la gageure du flm était de rendre cinématographiquement
intéressant un sujet sur-couvert par les médias
de l'époque... enfin d'hier. Alors J. J. Annaud a choisi
de montrer la catastrophe depuis l'intérieur.
Tour à tour rapide reportage nous replongeant dans l'histoire
de Notre-dame, puis enquête assez didactique, voir caricaturale
(cigarette - vétusté - incompétence), à
l'image de la réalisation assez pompière du maître
(la symbolique de la cigarette). Et puis, enfin, version remixée
de Backdraft
et de La tour infernale sur fond de documentaire
nous présentant les pompiers de Paris.
Je trouvais l'idée saugrenue, avant de voir le film,
d'évoquer sans grand recul un évènement
aussi récent (comme ce fut le cas de World
Trade Center d'O. Stone) : et dans sa première
partie je me suis terriblement ennuyé devant cette histoire
qui n'a rien à nous apprendre, rien à prouver,
ne nous montrant que ce que l'on attendait d'elle, le plus souvent
avec des tics à peine digne d'un téléfilm
de France 3 (les dialogues explicatifs et lourds, la Mère
Michèle qui a perdu son chat, la petite fille qui allume
son cierge...etc).
On retiendra cependant l'hommage au travail, au courage et à
la détermination des pompiers, les divers FX richement
alimentés ; mais Annaud manque de hargne pour les mettre
en valeur, les rendre plus spectaculaires encore. La reconstitution
est exceptionnelle et la composition musicale de très
grande qualité.
Alors on se demande ce que l'immense Jean-Jacques Annaud a voulu
prouver avec ce film : il n'a pas été aussi bas
depuis Sa
majesté Minor. Quand on se sent obligé
de préciser que l'improbable est possible dans un encart,
alors qu'il suffit de faire accepter une certaine forme de diégese
aux spectateurs, ce n'est jamais bon signe. D'ailleurs le semblant
de suspens plombe le scénario à ce niveau : fort
heureusement, plus le film avance et plus il est constructif,
solide et cinégénique