Quand les américains crient leur colère à
travers un Fight
club, oeuvrage aux personnages acérés,
au scénario brillant, au rythme soutenu, à l'intrique
possèdant un maillage exemplaire et à la morale
anti-capitaliste éloquente... les français nous
livrent Nocturama. Des jeunes - peu consistants
par ailleurs- se croisent dans le métro et ailleurs,
paraissant avoir une mystérieuse mission, chacun étant
asservit à un horaire et un plan bien précis.
Un scénariste américain aurait plié la
première demi heure en 2 minutes, ou l'aurait, dans le
meilleur des cas, développée techniquement et
cisellée ; ici les diverses pièces du puzzle se
mettent longuement en place, rongeant notre impatience même
une fois le coeur du sujet dévoilé. Le problème
c'est que le film traîne les pattes sans raison, de façon
à la fois exagérée et incompréhensible
malgré la puissance de son thème ; la seconde
partie qui voit ses jeunes anti-capitalistes se terrer dans
le temple de la consommation, et s'adonner aux plaisirs du consumérisme,
semble éluder le fond du sujet à laisser ses personnages
ouvrir des portes et les refermer sans rien n'avancer ni éclairer
l'histoire et son propos. Cette antithèse des actioners
américains est aussi mauvaise qu'eux, bien que plus lassante
de par son développement à rallonge. Mal construit
malgré son montage aguicheur et brillant (un César
?), on s'y ennuie la plupart du temps, même lors de cette
conclusion où, pourtant, la tension aurait dû être
à son comble (la réalisation n'est pas du tout
à niveau). Il y avait même matière à
faire un Orange
mécanique moderne ou le terrorisme venait
remplacer la simple violence (le terrorisme d'état, ses
dommages collatéraux...etc).