Visuellement J. Edgar est une œuvre absolument
prodigieuse, atteignant parfois le sublime : sombre, sépia,
grisâtre, enveloppant le spectateur, le plongeant dans
son sujet.
Son sujet ? Le film nous présente J. Edgar Hoover, en
pleine chasse aux rouges ou aux criminels, usant de son méthodisme
légendaire afin de permettre au FBI de rentrer dans une
nouvelle ère, le modernisant, employant de nouvelles
démarches pour lutter plus efficacement contre la criminalité
: accroissant son pouvoir légal, armant chacun de ses
agents, créant un laboratoire médico-légal,
généralisant l'usage des empreintes digitales,
instaurant la surveillance des citoyens...etc. Grisé
par ses propres méthodes, le patron du Bureau va ainsi
employer ses nouvelles armes afin d'éliminer ses ennemis
politiques et permettre au Bureau de devenir un organe de contre-pouvoir.
J. Edgar est également un biopic, nous
introduisant un être pour le moins équivoque, solitaire,
psycho-rigide, droit et complexe, aux idées extrêmistes,
ne semblant vivre que pour son travail, seulement pour cette
lutte obsessionnelle contre le crime, sous toutes ses formes
; ambivalent jusqu'en son homosexualité refoulée.
Di Caprio compose son personnage bien au-delà de ses
formidables maquillages (ceux de son compagnon restant affreusement
ratés...), trouvant le ton juste pour nous permettre,
peut-être pas d'aimer ce citoyen moralement hideux, physiquement
repoussant, mais le suivre avec passion.
Eastwood joue une fois de plus, et avec brio, la carte de l'ambiguïté
: Hoover était un homme à la droite de la droite,
mais il a transformé le FBI et fait avancer la recherche
criminelle, et il méritait amplement un biopic à
son nom.