H. Korine aime les freaks : cette fois il s'attache à
observer les ados, adeptent de la défonce en tous genre
comme signe de leur recherche du bonheur ; Spring breakers
est un film alluciné et hallucinogène qui joue
beaucoup et merveilleusement avec les filtres pastels, une caméra
portée et quasi documentaire, un fond musical constant
et omnubilant. Cette recherche d'une idée de la perfection
(visuelle pour le cinéaste et de vie pour les personnages)
apporte beaucoup de poésie dramatique. Un film avec une
énergie de dingue qui parle du mal-être que l'on
ne soigne plus par la spiritualité (la religion : mais
l'une des filles s'en sortira un grâce à elle...)
mais par l'ivresse, la drogue, le sexe, les armes et une illusion
de pouvoir ; même si la démonstration est un peu
répétitive : elle a aussi le mérite d'être
obsessionnelle. Franco est en apesanteur -autre freak du film-,
il devient l'incarnation du fun, du rêve et finalement
d'une forme de Paradis. Spring breakers est un pur moment de
magie (à l'image de la séquence avec la superbe
chanson de B. Spears), une drogue passant par le biais de l'image,
une étude bien plus poussée que l'on pourrait
croire sur la recherche d'évasion et finalement de bonheur
de la jeunesse américaine, rongée par son quotidien
et recherchant l'éternalité de l'extase. La dichotomie
est flagrante entre les images presque fausses, le discours
aux parents et une réalité beaucoup plus violente
et glauque qu'il n'y parait, idéalisé par le prisme
de la drogue, telle une soupape de pression sur un peuple qui
ne trouve plus ses valeurs. Le final est somptueux : il prouve
qu'il n'y a pas d'amour mais que folie... Une oeuvre post-Larry
Clark.