La confrontation entre urbanisme et ruralité profonde.
La civilisation Vs la sauvagerie, où plutôt la
vision rétrograde que peuvent avoir certains citadins
sur leurs congénères de la campagne. Proche en
ce sens d'une thématique vue dans, notamment, Massacre
à la tronçonneuse ou La
dernière maison sur la gauche (et leurs
fameux rednecks dépravés, consanguins, fous et
sans morale), Délivrance se veut moins
horrifique -au sens cinématographique du terme-, moins
complaisant et plus réaliste.
Délivrance symbolise la lutte de deux
mondes que tout oppose, et le film avance sans ne jamais prendre
réellement partie pour l'un d'entre eux, ces deux mondes
ne connaissant finalement que la violence en réponse
à leur maux. Une violence défensive et sans fin.
Deux univers : l'un moderniste, en continuelle expansion et
arrogant au possible ; l'autre archaïque, replié
sur lui-même, contre toute forme de d'évolution
et au pragmatisme borné. Archétype d'un monde
constamment bipolaire que l'on connaît bien et qui évolue
avec le temps (Bien / Mal - Amérique / Russie - Mondialiste
/ Nationaliste).
Tout à la fois cri d'alerte contre une certaine forme
de civilisation impérialiste, sans égard aucun
envers la nature et ses locataires, et, ici, tout autant en
manque de sensations fortes leur rappelant leur nature première
(chasse, rafting, camp...) ; une civilisation qui ne peut plus
que faire semblant de jouer aux vrais "hommes". La
vision qui les oppose est celle de la laideur, de la violence
aveugle, de la misère sexuelle. Si le film nous interroge
sur notre civilisation moderne et urbaine, ultra sécurisée,
civilisation nocive qui envahit les territoires vierges de la
planète, il pose également la question d'une toute
autre, absolument opposée, qui serait totalement en vase
clos, coincée dans ses frontières, refusant l'arrivée
de personnes "étrangères", les amalgamant
et les assimilant au mal qui leur est / sera fait (même
s'ils ne font pas partie de l'entreprise, les envahisseurs seront
pris à partie et paieront pour les autres, ceux qui leur
ressemble).
Il est à noter que, une seule fois, ces deux mondes se
verront réuni... par l'art !
Film brut, brûlant d'actualité à l'heure
où semble s'opposer les ultra-mondialistes et les ultra-nationalistes,
réflexion poussée à son parosysme. Et il
y tant d'autres pistes parallèles qui émergent
et que l'on pourrait explorer à loisir : la loi civile
/ la loi naturelle, le concept tout relatif de sauvagerie, l'humanité
et sa marche en avant, le thème de la vengeance...etc.
Éprouvant visionnage d'une œuvre qui vous prend
aux tripes jusqu'en sa toute fin ; quand son titre prend alors
tout son sens... La "délivrance" pouvant tout
autant signifier, en psychologie (connu sous le terme "résilience"),
la libération d'un traumatisme.